lundi 9 juillet 2007

Anamorphose et Acouphène, fâme/enfant




















l'archipel des sourds,
Stéphanie Sautenet 2007

la Fâme
"Je laisse le trait traverser la chair, les peaux, pour
traquer plutôt son sang, ses nerfs, son rythme,
pour tracer ses prolongations, déceler sa forme, ses
limites dans cette intériorité renversée que
représente alors la page" Stéphanie Sautenet, 2007



Fâme/Enfant

L'enfant et sa mère vont dans un sens celui
que la mère détient conforme à une habitude
hebdomadaire; celle du va-et-vient du domicile
à l'extérieur de l'extérieur au marché.
Devant un étalage, le désir de l'enfant s'anime
soudain, à la vue de l'objet en vue et sans doute
plaisant. Peut-être est-ce de la nourriture ou plus
loin des vêtements alignés sur des présentoirs,
des étales s'étirant tout le long de la rue. De là va
naître le dénouement qui nous a interloqué.
Toujours est-il que le passage devant ces étalages,
dépliés sous ses yeux, va provoquer chez l'enfant
une impression de dépendance à la reproduction,
à la répétition du niveau de socialisation.
La mère peut lui refuser ce changement d'impression
en dépassant, en remontant le cours du sens. Le
refus du sujet devant cette attitude provoque chez
lui une surenchère du niveau émotionnel, aussi
sur le registre du pulsionnel, et du fonctionnement
que sa mémoire induit. Ici, c'est une stimulation
du principe de réalité, pour conforter le lieu de toute
vérité par l'inconscient en jeu chez l'enfant.
En un autre temps il y aurait eu ce que l'on nomme
blocage et éducation. Nous nommerons cela (les
pleurs de l'enfant face au refus prolongé de sa mère
à céder devant l'envie qu'il a de l'objet du désir)
comme faisant partie du réseau de fonctionnement
de la limite du corps social. L'enfant comprend le
refus de la mère et pourtant il insiste continûment
vu que le sens est biface, et dans l'infinité de son
dilemme, l'analyse de l'adulte produit son avenir dans
un retour au pulsionnel. C'est le lieu de l'hébétude.
Cela, sous l'aspect, sous l'impact de la simulation tant
par l'image que par la scription (la parole dictée
comme prévisible pour l'enfant, celui-ci préférera
une lecture plutôt qu'une écoute). C'est l'inconscient
qui fait retour dans une remontée du pulsionnel, mais
surtout dans ce que l'étrangeté a pour effet de provoquer
la découverte du pulsionnel.
Soudain la fâme cède. Le sens perdu est retrouvé, mais
pas dans une quiétude; c'est ouvert de sa doublure que
le sens opère. La communication n'est pas close. Des
perceptions de sensations sonores absentes de tout lien
avec la mère vont exciter l'enfant, stimulant son action
face à l'interdit. La communication n'est pas close.
La réalité créée par l'information est rompue par une
figure qui change le registre de ce qu'on nomme
aujourd'hui le sujet parlant. Ce qui se traduit par une
simulation, un simulacre du pulsionnel dans l'écriture
en retour, l'enfant écrit son destin. L'enfant aura l'objet
désiré, alors qu'il pleure encore quelques instants;
après l'annonciation, le retour au signifiant. C'est
l'inconscient qui fonctionne dans l'instant de l'enfant
qui fait l'apprentissage de ses sens, mais c'est le retour
de l'inconscient dans l'énonciation sous la forme de la
pulsion de simulation. Un retour du sujet de la langue
dans une retombée de la "peinture" ou du "grain" de
la picturalité. C'est dans l'instant du retour à la
cessation des pleurs, que l'enfant maîtrise ce qui le
socialise. Le jeu du pulsionnel réalise son double dans
l'anamorphose, dans la lecture du vréel. La vie est
plus indifférente que la mort quand la Fâme enfante.

Thierry Texedre, juillet 2007.


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