samedi 23 juin 2007

la pensée auriculaire / écritures













William Burroughs ( 1914 - 1997 )


* Le cut up, technique ( mise au point dans
une petite chambre d'hotel pouilleuse de
Paris avec Brion Gysin ) qui consiste à recréer un texte à partir de bribes découpées et
mélangées au hasard, utilisant parfois des
fragments d'autres auteurs. William Burroughs aura été le chef de fil
de la Beat génération.



Si le surréalisme rend compte de ce que André Breton a appelé
l'écriture automatique, ce ne sera pas sans difficulté qu'aura eu
lieu sa mise en oeuvre dans l'écriture elle-même; Antonin Artaud
lui aura insufflé son influence la plus remarquable, faisant
déboucher le surréalisme dans une autre vision, plus collée celle-là
au quotidien, au visuel sociétal. Et c'est un William Burroughs qui
en fera les frais en inventant la technique du *cut up, pour gérer la
crise d'une écriture plongée dans les archétypes et la mort
programmée des religions monothéistes, laissant en cela à défricher
un terrain où l'expressionnisme abstrait va couvrir le monde de l'art,
et ce mondialement à partir des Etats-Unis d'amérique. Cet excès
amène à un pliage de ces techniques trop éloignées de l'écriture
spontanée, qui aura pour conséquence un retour sur la musique,
une plus grande effervescence créative du côté des compositeurs
de musique contemporaine, et laisser l'écriture se démettre avec le
thème ou sujet tout aussi reliquaire et asséché dans ses mises en
situation, au service de l'image-auditive. La scription ou écriture
auriculaire va donner à l'écriture une musique qu'elle relève,
et partage à égalité avec la composition musicale ( qui dans l'opéra
ou l'oratorio va prendre un texte pour accompagnement spirituel,
voir même faisant partie de la composition elle-même par son
récitatif vocal ). Cette écriture a pour effet d'être triple à partir de
l'écoute de la parole, d'une lecture du texte, et du temps intermédiaire
entre le sujet qui écoute et écrit dans la simultanéité des deux.
Donc double travail de la lecture mais jamais dans sa durée,
dans sa musicalité seule, jamais dans l'écriture comme immédiateté
de l'écriture automatique, ce qui en vient au découpage.
Le découpage des images-auditives va se faire à deux voix,
annonçant ainsi l'éloignement de deux paroles d'un même texte,
d'une même subjectivité dans un temps qui est pour la première fois
un volume, son Sujet, une aire ou peuvent s'engouffrer la pluralité
des voix. Le texte n'est plus linéaire mais a son propre volume vocal
qui donne à sortir de l'unicité du corps marqué de sa chair-passion,
pour n'entendre que des voix. L'écriture devient orale par son
diptyque son double jeu de lecture qui tend à la musique
physiquement, dans son jeu de fusion au temps différencié.

Thierry Texedre, juin 2007.

" la pensée auriculaire"
Inclinaison à opérer un retournement de l'écriture que je nomme
"scripturale", et qui rende compte d'un travail musical sur le réel,
c'est-à-dire sur ce qui se passe pour n'être, sans correctif, sans objet
autre que PEINT.

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