Caresse sur cet infini inviolé
La formidable générosité du corps,
par ses glissements crescendos, la peau qui enfle vertueuse, rassasiée
de ne jamais s'en tirer que par d'infimes tressautements imperceptibles,
de l'érectile suavité de la surface du corps enivrant, par ses
cantiques caressant nos oreilles impunies... Quelle somme qui traverse
les pores aériens de ces incommensurables trésors chantés pour
l'éternité, trop vite éloignés... On voudrait s'y perdre, s'y reposer,
s'en remettre, que Dieu me pardonne ces affabulations, mais ce corps qui
soi-disant se délite, restera à tout jamais ma terrible mémoire qui
n'ose plus s'effacer de mon être délivré par tant d'agonies
intérieures... L'affect, ces pulsions invincibles, vont et viennent tels
des oiseaux en proie à d'effroyables surgissements, dans ce sommeil qui
cesse par cette apocalypse rayonnante qui souffle sur tant d'amoureuses
rêveries dont on ne voudra jamais cesser d'y être plongé... Quelle
souffrance vénérable peut tenir devant le temps de cette peau qui
dévisse tout notre être, défiant la pesanteur sous l'habit de fortune...
Les plis du regard vont et viennent dans un va-et-vient proche de
l'objet sur l'eau, navigant à vue - la face irradie sous les traits
grimaçants de l'apothéose survivance de la peau. J'avale ces maux
immatures pour exciter mes sens, sans discontinuer, en rires effarants,
en partageant ce bonheur; ourlet à ma vie qui s'arrête l'instant d'un
trop grand émoi, penché sur mes amours éternels... Mes mains caressent
la peau jusqu'à l'infini, immensément grande la sensation qui monte en
moi, vertigineuse exclusion du monde des vivants, vers l'irremplaçable
jouissance de ces attouchements dissidents; que la chair rencontrée
restera inconsolable... Maquillage involontaire du temps qui pousse la
surface à rencontrer un volume, relique le jour où la mémoire cessera
d'extraire ce volume devenu plus vrai que nature. Vieille lune aux rides
carnassières, la fin de vie entre partout où la peau encore tenue et
tendue joue de ses ondes prometteuses... L'heure est à remonter le
courant jusqu'à quelle source? La peau est douée d'une extrême
élasticité, peut-être jusqu'à cette naissance qui vous lie avec l'erreur
de naître. L'étalement entre en scène, les mains affleurent la peau
légère et lisse. Sa couleur m'importe peu, la peinture est là pour faire
le reste. C'est-à dire tout ce qui n'a pas à faire et qui n'a rien à voir
avec ces caresses ontologiques, puisque tout mon être s'y induit...
L'infini dénaturé de l'être est cet élégante béatitude qui nous sied
devant l'éternité inviolée du néant...
Thierry Texedre, le 3 mars 2013
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