Du souffle
Souffle cornélien,
saturation de l'appel, ce chant intrinsèque au rythme cardiaque. Par
quels applaudissements, le train-train orchestral du souffle se
mesure-t-il ? Soulevé par les ondes de la veine inhibée, voilà
le cœur qui souffre, lenteur du corps pris dans sa caverne ;
l'entrée dans un dedans inhospitalier. En compromission avec le
temps dissous, le corps liquéfie sa mémoire, il la rend comme si
rien ne la disposait à raviver sa source : le sang automate, le
saignement du vieillissement prématuré du corps qui baise au fur et
à mesure qu'il sort de sa gangue, l'élasticité d'une parole qui
tringle sa continuité dans la fente de l'intraduisible polémique de
la parole en dire ; d'en dire quelque chose de l'altérité du
sexe qui frôle l’inextinguible confusion avec la jouissance qui
joue à rentrer partout dans un corps pour rencontrer cette mémoire. Perle d'or, puissance du
soleil qui lève la grande confusion que ce risque de fornication
peut induire, le soleil montrerait par là quelque soudaine
invitation au désir, désir de dresser un corps pour lui toucher la
grande ferveur, l'effervescente contamination qui gravite autour de
la chair, le risque de faire passer à la trappe la mémoire, le
temps de rencontrer l'amour où l'âme se cache, parce qu'Our ouvre
grand les yeux pour montrer le chemin des cieux (le souffle du soleil
ferait brûler cette âme pour l'empêcher de passer le temps imparti
sur terre à pénétrer les corps pour les confondre, faire monter la
mémoire, absorber la chair jusqu'à satiété, jusqu'à rendre
l'amour inéluctable jusqu'à la mort). Si le souffle fait référence
au vent, à l'air et au vital, c'est en partie pour raisonner, mettre
en mémoire un temps de la possession, le plier (prières) en sacré
à trop laminer l'inquiétante étrangeté de la vie. La véhémente
exaltation pour la nature polysémique (existence du naître) montre
cette consommation/consumation comme quelque chose qui a à voir avec
l'anomalie, l'anormalité. Le souffle divin se rétracterait en
lettre, écriture qui soutient alors l'exclusion de cette nature pour
consolider les lieux de l'expérience/connaissance du corps qui
devient artificiel depuis l'insécabilité du souffle. Écriture qui
entre dans la discontinuité de la lecture, vertige de la séparation
du temps et du corps ; constructions atmosphériques sans
cessation, architectures de l'objet indésirable à cause de sa
disparition du souffle, l'acte irraisonné de la vie qui tourne au
massacre parce qu'elle est coupée par l'homme dans cette peinture
qui le représente au plus près. Seule la « chose »
semble retirer du souffle cette vérité dont on traite encore les
contours, dans l'inépuisable orchestration de ce souffle traduit, en
libre-service, avec l'action peinte en retombée, et le jeu musical
comme passerelle d'un nouveau dire en gestation. La représentation
de chose montrant l'enfer qui sévit à retenir cette respiration, et
pourtant quelque chose se passe quand l'esprit donne lieu à
d'impitoyables cessations de représenter, montrant par là d'autres
flashs, images plus vraies que celles du plaisir amoureux. Un corps
qui se délite monte vers sa reconnaissance, sa vérité, loin du
lien qui nous lie avec la consumation (dépense) des images. Le
dernier souffle rend à l'âme sa véritable impression, celle que
regarde l'artiste en songe sur l'élan de sa transgression. L'âme
est la disjonction, la transgression que ce corps délictueux peut
résoudre à tenter la sauvegarde de sa mémoire.
Thierry Texedre, le 18
août 2017.
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