lundi 28 novembre 2016

Désert

Robert Rauschenberg - Cactus Custard (Hoarfrost)







Désert

Présence bien tempérée du sable, sordide extraction du sol d'un corps étranger qui étrangle la vue en vision, chaleur sans vie partout, plantes qui suintent au matin sans la pluie. Vertige sur pieds de la marche ensablée longeant les dunes improvisées par le vent. Ventre entendu, serré jusqu'à la faim, et cette soif qui monte jusqu'à l'ensevelissement. Là ou ailleurs, combien de cactus s'étirent jusqu'au ciel rougi ?

*

Combien de temps
la peinture aura pour peindre
cette soudaine réfraction
de la lumière sur le sol
aseptisé par l'improbable vie
qui s'en sort
à la nuit occultée
par le pinceau dépecé
par le jaillissement
interminable de l'écume
du jour en tête
et bouche-bée.

*

La seule exterritorialité du temps, là, se montre partout depuis cet horizon sans lieu, sans image, à chercher celle qu'une peinture peut. Partir en longeant les courbes sensuelles de ces sables qui se meuvent à mesure qu'on approche de la vérité. Sables de ces mirages putréfiés et dressés devant, pour montrer cette peinture avant sa mise à mort sur la toile. L'embaumé des grains infinis de la surface aseptisée se fondent dans la pâleur du sol qui aveugle et brûle la peau ; la chaleur irréelle du soleil essouffle la peinture juste avant sa mise à mort, sa disparition à montrer cette mémoire toute exposée au jour replié sur l'envers du décors, sur le sommeil en rêves opulents.


Thierry Texedre, le 28 novembre 2016.









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