Sur
les peintures de Rachel Yedid
Ce
qui claque chez Rachel Yedid c'est l'eau. Les sujets sont traités
avec harmonie, je veux dire par là avec la délicatesse du
ruissellement de l'eau sur les bords à vifs des corps qui semblent
flotter dans l'air. Pourtant, ces bords sont livrés à l'apoplexie
du dedans. L'intérieur du corps de l'autre qui regarde, et de
l'autre qui reconstruit ce bord de la peau, ce trait absent aux
endroits clés d'une pulsation intérieure. Le bord serait-il celui
de la nudité tactile dont souffre l'autre qui regarde ? Là,
est le grand mystère d'une peinture dont les effets sur notre
tension (celle du regard trop près de l'écoute [l’a-tension]),
contribueront à emporter le regard dans un éloignement et/ou une
présence dans la série de peintures, ici « les Odes d'un
roi », jusqu'à cette rencontre avec l'affleurement inquiétant
de la couleur et de la forme. Le lit s'est formé, et forcé, pour
faire danser les corps unanimement seuls et féminins. La grande
peinture serait cet accès au format du corps qui possède tous les
atouts d'une sensibilité qui daigne jouer avec la peur d'exposer
cette peau hirsute et joyeuse, quand le regard de l'autre tente de
restituer le contour à la couleur qui rend toute sa lumière à
l'intelligence de l'exposition. Voilà le risque pour cette peinture
de retenir le corps, de revenir au corps, de rappeler le corps, dont
l'invisibilité semble s'atténuer, se réduire, à mesure qu'on
avance dans cette série de toiles, et ce, pour donner naissance à
la prochaine impression, à une nouvelle représentation qui marque
déjà sa teneur, et son opulence, et un drame qui se faufile
discrètement pour l'heure, dans ce chant qui invite ce vainqueur à
aimer serrer dans ses bras les amantes de ces Odes guerrières.
Thierry
Texedre, le 28 décembre 2014.
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