samedi 13 octobre 2012

in cauda venenum










Vous voici dans les griffes du verbe, vestige du corps. Poussez la porte et vous entrerez en diffraction, résolution de ce que le verbe peut quand son corps d'écriture s'éloigne de ce corps occulté. L’œil en coin, ne peut qu'être dans l'expectative de ne pas y voir une forme distincte. Seulement une vague opalescente et opaque, irisée et disgracieuse. Informelle obtention de cette représentation défaite, désirante mais prise dans un délire, une obsession. On croiserait ce sens insensible du regard qui se tourne telle une toupie qui vrille avant de s'arrêter. Regard moqueur, regard faussé, regard de cette déformation de la face, forçage du nom vers sa folie, sa manipulation inopportune et improvisée. Travers de ce manque de parole, de cet abaissement vers un non-lieu, une force du bas qui pousse pour évacuer le dire du haut, de la parole malhonnête. Parole qui chante pour ne pas entendre ce corps qui touche à son nombre, pour jouir pleinement de ce qu'un rire a de tentation dans sa descente vers le dire su, le forçage d'une naissance encore à venir; celle du lieu de la chair qui crie le désespoir de sa peau en surface. Érotique peau d'une impossible vérité du corps qui jouit sans passer du dedans vers l'extérieur; là où la plainte joue. Cris exténuants qui ont à faire avec la naissance de deux corps, pas encore un, et déjà plus quatre. Traquenard de la voix qui inonde le corps de ses invectives, ondes porteuses de maux qui irradient l’œil pour le toucher dans sa grande impression: celle de la résurrection de la chose, du dire ontologique, de la transgression somatique dans cette réverbération verbale qui tonne, qui donne le ton, la couleur rougie par la souffreteuse apparition de la vie, à rebours. On transgresse alors cette réalité du temps qui vous énumère, qui vous ricane au nez; quel temps pour une horreur de ce dire désabusé et inondé par une surimpression de sens, dans une représentation devenue tétraplégique? Ce suc social qui perpétue tout dans un possible du rien, juste pour s'y renvoyer, s'y soumettre au temps, juste pour toujours imprimer ce nom, nom de l'impression qui vous hante, annonce que ce vertébré ira plonger dans les enfers de la grande musique atomique dans un bref sursis, souffle de la vie qui s'assourdira instantanément, fraction de seconde de la fin des temps du nombre en-corps émasculés et décousus; chut! vous n'allez quand même pas croire à cette fin? Paradis artificiels sinon? Paradis d'enfer, pourquoi passer par le purgatoire? On retombe toujours sur cette pesanteur, cet effort-forçage qui vous plie les membre dans de douloureuses extensions. Trauma du désir imminent de quelque chose qui a à voir avec la vérité? Vous en avez encore pour longtemps à comprendre que ce dire doit vous servir de fiction pour nourrir l'absence de Dieu, se serait-il enfui pour nous laisser pénétrer dans la parole de l'intraduisible frustration du corps vide? Je n'aime pas ce dire qui vous emporte dans d'infinies épiphanies, vertige de la chair qui s'ouvre pour laisser apparaître son dur, sa lourde existence, la farce du monde! L'ignorance du dedans qui par ses frasques, fornique infatigable pour l'éternité, poing g de la détention dérivant dans les eaux glacées du dehors. Lettre à l'aveugle qui étreint son audition pour ne pas tomber dans les entrelacs, racines insidieuses qui vous hantent. Missive à ce raccourci, vestige de la lettre, pourrissement de la lecture dépassée, mémoire entrecoupée par ces leurres, ces atonales informations illimitées, comme si le temps était une abstraction, mais le temps presse, ce qui s'y dit est de la plus grande importance, poussé par le grand empressement de la reproduction linéaire du désir inassouvi de ce caressant corps parlant.


Thierry Texedre, le 29 septembre 2012.

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