lundi 9 janvier 2017

Propagation


Francisco de Goya - saturne dévorant un de ses fils, 1819/1823



Propagation

Que reste-t-il de cette mémoire dont on croit encore qu'elle est le lieu qui donne à la vie ce langage insupportable, parce que pris dans un temps déjà trop long pour qu'il soit celui vrai, comme l'ont été les religions ?
La faute, l'erreur, l'errance, et après on retrouve ce qui retourne la situation ; cette peur du vide, d'un vide (le vide est cette prise de consistance que la musique n'aura de cesse d'extraire en apparitions de la densité textuelle, comme son double mais aussi la déperdition du temps), qui serait résolument ouvert/fermé à un corps d'écriture qui frôle la parole, pour la monter contre ce temps en pleine déperdition. Espace en deux temps d'un corps insoupçonné, corps de la contamination par cette parole/acte qui pousse dans les dreniers retranchements la voix, pour la crier, l'extérioriser en une mémoire et, s'en sortir avec une autre langue, une autre bataille, un autre pouvoir.

*

Saut dans l'inconsistance
le bruit le coup de Trafalgar
à l'égard de l'écart en retard
de la cessation de la cécité
dans l'espace parcimonieux
du grand désert circonscrit
du récit d'un grand concert
pour goûter au goulot drôle
du sexe exquis exactement
ce ton tarabiscoté de la lèvre
grosseur endossée en sucre
qu'une langue lèche légère
cette fois le forçage flotte
jusqu'au milieu du feu
intérieur salace en sursis
amour inscrit dans la langue
qui bave les sens savourés
les encenser les dévorer
jusqu'à l'os osé du bras
tendu au fond de la chair.





Thierry Texedre, le 9 janvier 2017.





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