«
La Suzanne de Rembrandt est peinte dans une pose suggestive, l'un des
deux hommes est penché sur elle. Une tension psychologique palpable
est créée par le jeu de l'ombre et de la lumière. Dans le visage
de Suzanne, le regard est clair et perçant comme le rayon de lumière
qui fait ressortir sa silhouette de l'ombre ; dans celui des
vieillards, un désir sombre monte comme l'obscurité ambiante dont
ils émergent. »
Rembrandt – Suzanne et les deux
vieillards, 1647
Le
bain
Paroles poussées par la
sortie. Pourvu qu'on s'en rappelle, et que ça serve à quelque
chose ! Porte insouciante, surnaturelle et visible en songes,
d'une ouverture qui montre le bain, dans ce qu'il a d’excitation
quand on entre dans sa liquidité, lueur d'un fond qui appelle ;
le fond encore flou et dépourvu d'une image qui fourmille, jusqu'à
ce qu'une marque, un pied, se soulève, pour qu'on y voie le mystère
de l'eau. Vague à l'âme, étreinte avec le soulèvement du fond
astringent et soudain défait ; qui serait lié au thermique, au
resserrement de l'eau sur la peau qui joue malgré elle aux bras de
la belle demeure insoumise, se laisser envelopper, encore lascive,
par des caresses, liquide qui brasse les états sulfureux de sa
masse transfigurée. Femme au bain du ravissement, d'une nudité,
d'un ensorcellement, d'un regard autre. D'un regard tourné vers
l'autre rivage, pour se laisser amarrer à une indiscrétion, un amas
d'herbes folles juxtaposées, entourant le corps lumineux. Lumière
d'un mystère, lentement qui émerveille, qui montre ses attributs,
en se redressant à moitié, dans l'eau qui reflète le ciel et des
arbres dessinés, comme penchés pour saluer du regard la belle
insidieuse. Le regard blême du condamné semble encore courtiser la
lumière, jusqu'à ce point de non-retour de la nudité ;
puisant dans la prostration du corps nu, et l'autre, entiché
d'habits sombres, reluque une dernière fois avant de disparaître
dans l'ombre masquée du bord de l'eau. La femme à la nudité se
retourne soudain, prise d'effroi, pour jeter son regard tendre sur la
surface de l'eau. Une forme, entourée de ronds qui s'écartent, se
montre à elle, comme plissée ; le visage est reconnaissable un
court instant.
Thierry Texedre, le 10
janvier 2017.
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