mardi 10 novembre 2020

Fragment du verbe ou l'apocalypse du peint




Fragment du verbe

ou l'apocalypse du peint


Psaume vertige du trou

traité en apesanteur

percée de la pénétration

en contre-jour couvert

le sort en est jeté

point de croyance sinon

un jeu sans fin du trou

de la béance du verbe

vertigineux vice

du transfert trauma

de l'intérieur en fuite

le verbe fuit vers

sa sortie en jachère

comme si le corps mû

se tordait devant l’ouïe

blême hypostase

du vermiculaire saut

dans l'infini pour rien

c'est que le verbe

s'en remet au corps

parce qu'il n'a pas

le temps pour lui

le corps est le temps

et cherche alors dans

le verbe sa parole

la parole qui lui cause

à cause de sa fin

si proche de cette fin

amoureuse du reproche

que ce corps fait au verbe

de ne pas lui avoir

ressuscité l'esprit

de sa naissance

cher père le nom

innommable du corps

né d'une errance

la vie naît désespérance

ô père de l'immanence

limbes du désespoir

irréalité du même

qui monte en soi

pour finir dans l'enfer

les ténèbres du temps

la clôture du temps

le dépassement de l’œil

par l'ouïe à cause

d'une erreur de la langue

la langue qui parle le temps

l'apocalypse s'étend jusqu'au

peint ce qui l'étreint au corps.



Thierry Texedre, le 10 novembre 2020.


 

Rogier van der Veden (1399-1464)

Saint Luc dessinant la Vierge, vers 1435-1440





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