Et si Bianca Argimon dansait avec l’histoire
« Certains des traits les plus caractéristiques de l’œuvre d’Argimon – couleurs claires, imagerie bucolique, manière picturale enfantine et absence de scènes explicites – leur confère une deuxième couche de sens… Derrière les allusions subtiles à l’histoire de l’art », Bianca Argimon pousse l’histoire dans ses retranchements. L’artiste prend acte d’une certaine corrélation entre passé et futur, dans sa mise en abîme du présent sur la toile. « La mise en scène de ses personnages évoque le tempérament ambivalent de la société contemporaine et remet inlassablement en question les valeurs établies comme d’une trame morale, les politiques, l’ordre social, ou encore les bien-fondés artistiques. » Peut-on encore soutenir une représentation du monde présent sans oublier l’espace intermittent de la pensée et l’imaginaire ; de leur irruption pour écarteler l’histoire jusqu’à cette guerre avec le sens, obligeant par là, à opérer un tissage passionnel en raccourci, épuisant alors le regard à reconnaître la scène contenue dans la peinture, le regard ne pouvant plus s’installer pour résister à la lumière frénétique du visage aveuglé. Le talent de l’artiste ici, nous promet de subtiles récréations à polémiquer, danser, métamorphoser un réel pour le soumettre au rire et à la folie. Les peintures distillent un certain savoir à rebours convoqué dans un espace où des créatures « pâles » identifiables, semblent nous mener dans un chaos sans fin vers de brutales métamorphoses au combat. Les peintures sont pâles dans leur ensemble, comme pour obliger l’œil à s’approcher du fond, vers les bords puis en diagonale, sans jamais y retrouver la perspective originelle à l’histoire de la peinture. Si l’esprit la recherche toujours, c’est ici pourtant que Bianca Argimon mesure la distance, l’esprit qui aujourd’hui fait naître un désir en excès que l’histoire a démontré comme constance. La peinture met en défaut l’approche incertaine, mais démontrant cette défense qui nous leurre, de l’histoire, en faisant danser ses objets sur la toile, utilisant les rythmes d’une peinture dessinée en manipulant la naïveté d’un « faire voir » illustré. La période contemporaine prend place dans les peintures de Bianca Argimon pour nous déplacer sur la toile avant même l’esprit devant celle-ci.
Thierry Texedre, le 3 novembre 2022.
Bianca Argimon (1988-)
artiste peintre, dessinatrice et sculptrice
née à Bruxelles, Belgique
vit et travaille à Paris
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