Esquisse
« Retirer ce surmoi homogène en
taraudant la langue jusqu'à cette unité de l'élocution qui se
risque à la vitesse pour trouer le soulèvement du signifié, le
maltraiter, le martyriser, l'encercler, l'ôter, le remettre dans la
course, fracasser les sens sur son fil, raccourcir le souffle aussi.
La liberté de dire cette interversion, l'insertion dans une autre
langue qui apparaît et disparaît autant de fois que se libère la
parole. Lentement les espaces se raréfient, le vide s'écourte, les
sons tremblent dans un tintamarre inaudible, inhumain, improvisation
de l'action vite rentrée, cachée, remontant à la surface comme
pour s'exercer à la lecture, lueur de l'après-coup, la peinture
sent bon le visage de l'esprit retors, une musique rencontre sa
peinture trop vite, supplétive, pour une lecture qui pousserait
jusqu'au véridique, lecture qui ressemble à ces bribes d'espace
insignifiant qui force l'esprit trop attaché, libéré dans
l'inconscient qui travaille la langue, plus rapide que la liqueur qui
coule dans les veines du temps. »
Thierry Texedre, le 19 mars 2018.
Sur « Messagesquisse » de
Pierre Boulez (1976-77)
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