Une textualité qui recherche en permanence son écriture et sa peinture, sans toutefois entrer "en représentation", le lieu ? Une musicalité, pas dans "le son" d'une lecture qui reste aléatoire, mais dans ce qu'un sujet peut de penser: où en est son image, la scription ?
Peinture/Musique
samedi 30 juin 2007
la dévoration - SUJET - 12 / 14
Saturne dévorant un de ses enfants,
1822 Francisco Goya, 146 x 83 cm.
Musée du Prado à Madrid.
Sujet - 12
rire de cet acte rime
pour subvertir le dire
pris dans un acte ludique
un acquis un ordonné
une rivalité une pression
une charge un chaos
un Dieu un Autre
un Sujet une Infinité
désirant une jouissance
dans la risée subversive
des corps pris dans le fondé
la loi le social l'ordre
le coup producteur de désir
coupable d'avoir enfanté
la reproduction verbale
encore pour en r'avoir
d'une poussée du plaisir
celui de ne jamais
entendre le sujet
comme double socialisé
du Dieu religieux
en ça Dieu n'est pas
religieux mais parlant
la séparation est faite
à tout jamais de ce que
les catholiques ont dû
en jouir coupés de la
langue faisant ainsi
irruption dans le champs
de la vue refoulant l'ouïe
dans la marge où le signe
a pris corps où l'entendement
s'est fait l'écho de la
représentation à bout de souffle
indifférence réductrice
au prétexte de la peinture
rendant encore
plus impressionnante
la scène dramatique
glissement du sacré
de la religion à l'art
du langage au sujet clivé
si le sujet n'est pas représentable
son audition donne
à la textualité le signe
d'une charge pulsionnelle
liée au rythme que
commet tout sujet
que met en scène tout parlant
la représentation doit
tenir la langue en échec
par la seule peinture
comme site du tout social
la vérité passe son temps
dans un internement
dans une localisation
spatio-temporelle
que la peinture indiffère.
mercredi 27 juin 2007
DIEU ou Como Cierva Sedienta
La Sainte Trinité, 1377 El Greco 300 x 179 cm,
musée du Prado à Madrid.
COMO CIERVA SEDIENTA d'Arvo Pärt ( 1998)
Les chants I à V sont en suspens au dessus du corps
d'écriture, et de la composition orchestrale d'Arvo Pärt.
Ici, pas de psaume, mais une litanie dont la durée est
fluctuante selon qu'on en tire du souffle une réserve,
ou un rejet. Le texte devient peut-être un état de
dormition. La référence à Dieu est une figure
structurellement indissociable de la pensée d'un
sujet qui peut. Son lieu est indistinct comme l'est
celui de l'homme au niveau du pensant. La langue
faisant barrière, l'image peut faire la liaison temporelle.
Deux volets parcourent les chants avec une autre écriture,
dominée par la musique d'Arvo Pärt, et en conséquence
l'élévation par leur absence des psaumes de David et des
voix de femmes "tintinnabulantes".
Volet - 1
regard affligé et implorant
de détenir tout en soi et rien
devant cette somme hauteur
de l'au-delà du vivant posé
comme devant être la conscience
de soi de tout paraître de toutes
choses sur lesquelles rien n'a
de prise autre que celle du très
haut et divine entité qui sied
à tout jamais hors de la parole
et qui nous en donne le droit
un droit à la parole l'écoute celle
qu'un Dieu indivisible et
non figurable va tenter de
ramener à lui ce qu'une espèce
pensante aura de repentir de
rendre grâce à celui qui seul peut
entendre le grondement des corps
cavités des coeurs meurtris engourdis
des chairs allongées pour mettre
au monde démesure et honte
de parler des mots injustes
d'une injustice à déferler à
rendre partout la terrible torpeur
de ses lois inventées
pour clore le sujet de Dieu
j'en implore à Dieu qui est célébré
et en son nom le Christ mort
j'en implore le pardon de tout
les péchés sur le monde des vivants
sonne le glas au jour d'aujourd'hui
pour tous pour chacun d'entre-nous
passant en rêve la grande porte
domine car rien ne sert de geindre
personne ne peut plus aimer que ceux
qui font la fête ici partout
et que Dieu entende ces oraisons
que plaise à celui qui refuse
la fatalité de ne rien voir ni entendre
la voix de Dieu faite homme
en des temps incertains
en un retournement des rites
vive la voix qui chante des
louanges partout dans le ciel
et bleu azur du bonheur d'être
appelé par Dieu partout où qu'il touche
chantons tous son ascension son
encensement est digne d'être
entrant au repos auprès des anges
sortons et appelons à aimer la
voix de Dieu pour chacun d'un
amour éternel révélation des âmes
purifiées contre ce corps criminel
injuste et démoniaque prions
contre les ignobles et l'aveuglement
de ne pas reconnaître ta face
Dieu rejeté encore et toujours
de ceux qui voient en une figure
certains qu'elle peut brûler
et se consumer pour toujours à Dieu
il faut sauver ta lumière et ta
vérité pourquoi tant réfugiée sauve
nos âmes affadies par l'image trouble
de nos pensées impures prions
au pied de ton autel si tu peux
encore entendre ces cris traversés
de doute vers des rencontres et
les espaces de la pensée je parviendrai
à toi par la force de mon âme
à sortir ta face que je célèbre partout
toi l'unique louange l'unique vérité
dans le combat m'en remettant
à ton ordre pour la paix éternelle
que toi seul configure.
Volet - 2
comme animal assoiffé de désir
Dieu est ailleurs de cette vision
j'en implore l'illusion mienne
de disparaître asséché et sans nom
comme celle craintive d'une moindre
peur descend nous pour visiter
nos corps envahis de la terreur
de nos âmes noires comment seul
peux-tu en décider comment puis-je
m'agenouiller au pied de ton suaire
et prier et t'encenser et t'exhausser
chassant de mon esprit les mots
les tentations les reliquats de
tes représentations car c'est en soi
que réside l'unique contemplation
de ma communion qui tinte
au loin dans le recueillement et
la foi dans le récitatif et l'entendement
qu'une voix est partout où l'âme
semble perdue où la vie s'évanouie
attentif et austère prière après prière
le silence se faisant je trouve
encore la force d'entendre
ta voix au dessus de tout et des
êtres dépourvus comment est-ce
possible pour le fou d'entendre des
voix pour l'animal ivre de l'éphémère
pour celui qui hante du regard
l'image raisonnée du pouvoir
loin de Dieu le croyant prie
son rapprochement sa venue en lui
méditant longuement sur son destin
en proie au doute et au peu
d'intérêt de posséder de jouir
et de parcourir le monde à la
recherche de soi aucun indice
aucun signe visible rien ne vient
céder au déluge aux aberrations
rien ne tient devant cet immanence
qu'est Dieu cause de toute chose
et de tout être passé et avenir
entends-tu ce cri qui monte en moi
cette plainte si amère qui tombe
comme une chape pour des générations
de raison en doute de conscience
en question sans réponse il n'y
en a pas il ne peut y avoir de
possession rien qui puisse tenir de soi
même l'image initiée et laïque
rien que ce refuge qui me parle
même défait de ma chair encore
ce Dieu n'est Dieu que total et
pouvoir d'inviolation de pureté et de
paroles ouvertes aux coeurs des hommes
que leur spiritualité soit pardonnée.
Thierry Texedre, le 28 juin 2007.
mardi 26 juin 2007
un autre espace - SUJET - 11 / 14
Descente, fig. XI, 1988 Vladimir Velickovic, 285 x 195 cm.
Sujet - 11
un autre espace
est-il possible dans
la tentative d'ouïr
celui de l'être parlant
induit à travers son site
sa locution ce qui le
tempère dans l'impossible
édification du sens
quel objet pourrait se
soustraire à cela
quelle autre temporalité
viendrait subvertir celle
visitée jusqu'au trop plein
producteur du rite
psychanalytique si l'on
n'avait plus du sujet que
sa seule exposition d'être
divisé dans le sens d'une
opération saisissante
d'un travail du réel
que les affects feront
fonctionner dans l'image
explosion et exploration
de l'espèce humaine
aux prises avec la terreur
que la psyché introduit
à force d'entendre autre
chose que la parole
à quand l'introduction
de lalangue sinon
dans l'infinité pensante
dans la subversion que
tout sujet entend représenter
en descendant de penser
par la chair pulsion
béante qui est le style
que l'entre-jambe diffère
au niveau de la mémoire
comme opium
et validité de la
dramaturgie subjective
quel est le symptôme
du sujet parlant?
la lumière sa somme
la chute sans fin du
corps pris dans sa plaie
son pli pour ne plus
voir aveuglément
il va se dresser avec
efforts avec des coups de
butoir des coups à
s'en foutre dans le trou
le con dressé pour mémoire
aussi de la religion
atomisée du début
de l'érotique où l'image
n'en est encore qu'à sa
perte la parole-désir
prend acte dans la langue
le langage peut lui parler
en termes d'érection
du sexuel Malin
pour lui montrer un
sujet de l'inconscient
l'écriture dit la séparation.
dimanche 24 juin 2007
étude pour un corps humain
étude d'un corps humain, 1991 Francis Bacon
étude pour un corps humain
texte en deux parties, lecture musicale dans
le premier volet, et mémoire musicale dans
le deuxième volet. Ce diptyque résonne
comme si une approche devenait possible
d'un volume articulant les deux textes dans
une écoute à deux voix, ce qui remet en
cause la linéarité de toute l'écriture et ce,
dans la modernité occidentale d'une écriture
allusive. Nous touchons au corps qui rend
compte de sa voix à trois niveaux: niveau
de l'écoute musicale (la composition dans
la musique, et son écoute, déterminent la
première partie du diptyque, de sa scription),
niveau de la lecture du texte, et niveau du
temps intermédiaire produit par l'absence
d'une écriture productrice d'un second texte
causé et écrit dans une temporalité autre que
celle de l'écoute/écriture automatique saisie
le plus rapidement et au plus près du corps
musical entendu dans le premier volet. Le
second volet est la trace qu'un corps peut
d'être sujet pensant, et l'écho, la réserve qu'
une musique laisse de pouvoir allonger
l'écriture plus loin que ne le ferait celle-ci
dans la phrase linéaire du langage dénotatif.
C'est le passage d'une musique à une
autre, d'un temps à un autre.
Vision d'après Fratres (1977) d'Arvo Pârt,
en passant par Tableaux d'une exposition
(1874) de Modeste Moussorgski, pour faire
volume et tirer le Sujet de sa division.
Le sujet, on ne lui parle pas. En dehors
du discours pas de sujet, la musique sort
le sujet de l'imaginaire pour faire la double
écoute du discours.
Premier volet (D'après "Fratres", d'Arvo Pärt.)
pour en retirer quelqu'chose
d'égale éternellement étiré
de ce qu'un accord musical
va opérer descente retour tomber
levée dérision d'une élision tel
qu'en lui-même il se doit de
retrouver le trait le point modal
qui va donner tel quel un souffle
un espace pour se retirer tirer
à soi ce dire incessant mais usité
lié mais inaudible tant et tant
de fois remanié manipulé retiré
de sa gaine sexuelle repasser
dessus et l'étendre le redresser
ce dire pour comme lecture le
donner à voir à l'entendement des
communs comme si ceux-ci étaient
de se vider de vidanger la conscience
laissant seul leur inconscient au
travail et plaqué et qu'un rire
s'installe à la place pour avancer
s'inscrire avec d'autres à ce rite
d'être moins sexuel que pulsionnel
sachant que les pulsions renvoient
au désir mais encore au musical
au rythme morveux qui coule dans
nos veines afin d'éradiquer son fou
triste social qui n'en fini pas de
nourrir ses petits pour que la mort
s'en souvienne allons au plus près
du primordial accord d'un corps
dicté par la pensée auriculaire
celle qui montre ce qu'un sens a de
vrai laissant à la marge la mort
son lot de charniers puants et
immondes innommables enterrés
ou brûlés à un autre rythme que
la musique qui monte n'a plus
d'écoute n'a pas encore révélé déliée
à quand une écriture qui scinde sa
peinture pour lui rendre la vue une
vision qu'un corps librement
consentirait à prendre comme vital
pour avancer dans cet état de
déconstruction permanente des espaces
colorés à l'aube d'un temps long.
Deuxième volet (D'après "Tableaux d'une exposition", de
Modeste Moussorgski, cycle de pièces pour piano écrites entre
juin et juillet 1874, et orchestrées postérieurement par
Maurice Ravel en 1922.)
longtemps généré par un chant
tombé des cieux que la peinture
a repris dans la profondeur
de l'intention de la représentation
allons comment tintent ces couleurs
dans le chant libre des sonorités
du texte à venir du texte de l'écriture
de l'écriture qui pense parce qu'elle
y va de ne pas séduire de ne pas
céder aux impromptus du concert
à y regarder de plus près on l'entend
ce dire prolonger la peinture
partout ouverte ne fermant au plus
toute la raison d'un monde vidé et
au moins l'inconciliable écoute verbale
avec la musique sa césure son zip
son redressement pour voir d'horizon
ce que voir est d'entendre surtout
la peur de l'invisible rêve éveillé
celui pour faire courir l'homidé
au delà des lois qu'il prononce
devant l'infini reproduction des
corps qui n'ont de ressource que
d'appliquer d'abdiquer de marteler pour
faire vibrer les ondes colorées de la peinture
de sa vision oblique par chance
d'avoir existé d'être née sur les
traces-tags poursuites chasses nourritures
salissures morts décompositions pour
que de changer d'apparence produise
une étrange fornication entre la
matière somme blanche réserve et sang
pour que naisse une figure décharnée
une horreur malgré sa musique le chant
que la voix abandonnée va soumettre
à l'intérieur pour lui faire sortir
son savoir pour lui prendre musicalement
sa liberté l'unique éploré face au vide
en plein de la poussée qui pense et
intemporelle de n'y voir ce qui sera
en un autre espace que le délire le lire
l'autre vision d'une même subjectivité
apparition soudaine dans un chant
mesuré et lent plaintif et élevé
spirituel dans un temps court ça
tire dessus et casse quoi mais la tête
maintenant est à l'heure de notre
dire que seule la peinture peut porter
à son plus haut degré d'un temps long
parlant pour qu'un corps encore pense.
Thierry Texedre, le 25 juin 2007.
samedi 23 juin 2007
la pensée auriculaire / écritures
William Burroughs ( 1914 - 1997 )
* Le cut up, technique ( mise au point dans
une petite chambre d'hotel pouilleuse de
Paris avec Brion Gysin ) qui consiste à recréer un texte à partir de bribes découpées et
mélangées au hasard, utilisant parfois des
fragments d'autres auteurs. William Burroughs aura été le chef de fil
de la Beat génération.
Si le surréalisme rend compte de ce que André Breton a appelé
l'écriture automatique, ce ne sera pas sans difficulté qu'aura eu
lieu sa mise en oeuvre dans l'écriture elle-même; Antonin Artaud
lui aura insufflé son influence la plus remarquable, faisant
déboucher le surréalisme dans une autre vision, plus collée celle-là
au quotidien, au visuel sociétal. Et c'est un William Burroughs qui
en fera les frais en inventant la technique du *cut up, pour gérer la
crise d'une écriture plongée dans les archétypes et la mort
programmée des religions monothéistes, laissant en cela à défricher
un terrain où l'expressionnisme abstrait va couvrir le monde de l'art,
et ce mondialement à partir des Etats-Unis d'amérique. Cet excès
amène à un pliage de ces techniques trop éloignées de l'écriture
spontanée, qui aura pour conséquence un retour sur la musique,
une plus grande effervescence créative du côté des compositeurs
de musique contemporaine, et laisser l'écriture se démettre avec le
thème ou sujet tout aussi reliquaire et asséché dans ses mises en
situation, au service de l'image-auditive. La scription ou écriture
auriculaire va donner à l'écriture une musique qu'elle relève,
et partage à égalité avec la composition musicale ( qui dans l'opéra
ou l'oratorio va prendre un texte pour accompagnement spirituel,
voir même faisant partie de la composition elle-même par son
récitatif vocal ). Cette écriture a pour effet d'être triple à partir de
l'écoute de la parole, d'une lecture du texte, et du temps intermédiaire
entre le sujet qui écoute et écrit dans la simultanéité des deux.
Donc double travail de la lecture mais jamais dans sa durée,
dans sa musicalité seule, jamais dans l'écriture comme immédiateté
de l'écriture automatique, ce qui en vient au découpage.
Le découpage des images-auditives va se faire à deux voix,
annonçant ainsi l'éloignement de deux paroles d'un même texte,
d'une même subjectivité dans un temps qui est pour la première fois
un volume, son Sujet, une aire ou peuvent s'engouffrer la pluralité
des voix. Le texte n'est plus linéaire mais a son propre volume vocal
qui donne à sortir de l'unicité du corps marqué de sa chair-passion,
pour n'entendre que des voix. L'écriture devient orale par son
diptyque son double jeu de lecture qui tend à la musique
physiquement, dans son jeu de fusion au temps différencié.
Thierry Texedre, juin 2007.
" la pensée auriculaire"
Inclinaison à opérer un retournement de l'écriture que je nomme
"scripturale", et qui rende compte d'un travail musical sur le réel,
c'est-à-dire sur ce qui se passe pour n'être, sans correctif, sans objet
autre que PEINT.
mardi 19 juin 2007
la déploration - SUJET - 10 / 14
génocide arménien 1915 photo Armin Wegner
Sujet 10
...être dehors est peut-être
une illusion permanente
il n'y aurait que du dedans
et nous nous acharnerions
à ne pas le savoir...
quel être pourrait se douter
de ce qui l'emporte
sinon de donner à la fin
de l'être sa tentation
à revenir à la chair
comme seule équivalence
possible à la vie face
à la pensée l'autre
versant aérien celui là
spirituel avant le social
le monde présent ne tient
pas sa parole il est
insoluble à toute exposition
à toute irradiation
nous en somme encore
à tirer sur les démons
de tenir devant l'état
de veille de l'humain
pour lui substituer
son dire et mettre à
la place la vue qui
est un ici absent
de la vie vraisemblable
de celle qui vaut qu'on
se soulève qu'on
abjure l'abjecte fin
l'histoire commence
avec la vue elle n'est
le lieu que dans le
monde clos dont
la marge est le site
des charniers des êtres
et de la temporalité
nous y voilà dans un
face à face au dire
indifférencié entre
la vie et la mort
cette machination
intentionnellement
inventée par l'homme
pour combler le vide
que la vue produit
que la vue construit
que l'espace pesant
envahie par strates
couches successives
tentations insupportables
devant l'illusion
d'un acharnement à
reproduire quelle en est
la cause sinon de ne pas
savoir l'entre deux
entre le corps et la vie
lundi 18 juin 2007
l'abime euclidien - SUJET - 9 / 14
Latine, 215 x 195 cm Iris Levasseur, 2005.
"... Le voyage auquel on est invité est tout autant psychique
que corporel: la présence de motifs interprétables aussi bien
dans leur réalité concrète que dans leur signification
symbolique, scelle l'indissolubilité entre ces deux ordres..."
"... L'artiste qui oublie définitivement l'espace euclidien, ne
se contente cependant pas non plus de la bidimentionnalité
de la toile..."
Sujet - 9
si le pictural est
une question d'espace
c'est aussi une histoire
du sujet parlant
d'où sa division
dans l'aplatissement
dû au format clôture
d'un sujet clivé
divisé dans une temporalité
Cartésienne où la vue
vient tenter sa représentation
au plus près de
la corporéité
sa doublure l'autre
face irreprésentable
du délire
soutenu par le pacte social
la loi la séparation
l'éloignement de toute
tentative d'objectivation
là est la tension
que toute langue fait
subir à la Chose
que le verbe fait être
que le parlant fait chair
la matière picturale
comme subjectivité
qui n'est pas être sans
l'innommable diminution
de la gravitation
dans l'expansion
de l'univers où ses objets
vont en décroissant
où l'espace prend
l'immonde commodité
de faire sur le dire
n'étant pensant que
chassé de son volume
symbolisant
l'errance n'a de sujet
que singulier
la copulation n'a de sujet
que divisé
si Dieu est dans l'au-delà
le sujet est dans l'immanence
c'est dans cet éloignement
que le pensant peut
et dans l'annulation
de son dire que tient
l'écriture en termes
de socialiser
que la pluralité des gènes
donne à résoudre
que le pensant en vient
à ne plus penser
que dans une zone
de turbulence où
traitement du nombre
et espaces hybrides
sont la réalité
d'un monde atomisé
dimanche 17 juin 2007
aveugle - SUJET - 8 / 14
la parabole des aveugles
1568, Pieter Brueghel l'Ancien,
154 x 86 cm
la puissance de l'allucination
"... Alors que les peintres du XVIe siècle analysent les
articulations, la musculature d'un corps, les nuances
d'un mouvement, Bruegel, s'attache à la forme globale,
à la ligne qui brièvement exprime une masse, suggère
du mouvement la force dominante..."
Sujet 8
suite à cette aire
non encore éludée
nous pouvons lire sur
ce promontoire
l'appel de l'un double
qui n'est double que
de l'ignorer dans le
fond de l'innommable
homme femme divisés
par la reproduction
le dire voit pour que le
faire soit présence opérant
un retour sur la division
des corps pris dans la
jouissance promise au
sac du social dont
la transpiration passe
par la peau au niveau
de la vue seul lien
produisant du nombre
dans l'infini de
l'humanité enfin
consciente que la langue
n'en finit pas avec
ses mouvances ses
maux ses terreurs ses
blancs ses vertiges du
grand bazar du vide
ses bribes illisibles
mais indice marque
signe de ce qui sera
peut-être futur antérieur
l'acte de parole
les mots figurés
vont provoquer du dire
du sens ultérieurement
à l'espace de leur
apparition soustraits
qu'ils sont à l'encombrement
compulsif de la représentation
que le site visuel
met en scène
la scène est la seule
liaison entre le futur et
un passé histoire d'en
dire influencé
par ce sujet clivé
divisé en un temps
voué à la castration
qu'est-ce que peut faire
l'écriture sinon parler
au corps pensant
provoquer un chant
qui n'a d'autre intérêt
que de donner à voir
alors que l'homme privé
de la vue va provoquer
cet état de fait
le corps n'a de vue
que picturalement
samedi 16 juin 2007
l'improvisation - SUJET 7 / 14
Représentation du Dieu Brahmâ créateur de
l'hindouisme.
"La musique indienne est censée avoir une
origine divine. Selon la mythologie indienne,
c'est par la musique que Brahmâ a créé l'Univers."
Sujet 7
improvisation du dire
au plus près du délire
dégradé devant la raison
n'en déplaise à la somme
théologique afin d'insister
sur le pôle de l'irréel
grandissant pour faire
avorter le rôle du fini
dans le lieu de l'irréalité
rite de ce qui indiffère
le faire dans une sombre
tonalité enfouie au plus
profond de nous-même
en une dictée infondée
celle qu'un cul mal ouvert
méprise dans son économie
du geste de la poussée
interne est-ce là la conscience
du corps ou la précipitation
dans un inventaire de
la fonction d'être ici ne
s'agit-il pas déjà d'un
récitatif d'une passion
de ce que jette l'accent
de l'action du verbe fait
chair dont on aura déjà
entonné la vérité
la confusion qui règne
dans une lecture des sons
vient de ce que la langue
parlée aspire à retourner
l'image que la loi codifie
comme roue carrée
mais la réalité n'a
que faire de cet état de fait
et ne produit en rien
de telles ignominies
sinon d'avortements
et de charniers de
superpositions de surfaces
intelligibles de strates
plongée dans la couleur
pour en revenir au vrai
celui de la jouissance
la langue mal intentionnée
dira de sa propre chair
qu'elle ne peut induire
des propos voués à spéculer
sur l'essence intellect de
la parole en acte
alors que la psychanalyse
enfonce le clou
l'aire de la jouissance
s'enfonce à son tour
dans les vertiges de l'enfer
musiques
les têtes oraculaires - SUJET 6 / 14
Theraphim Hebraeorum
représenté par Athanase Kircher 1652
"... Le phénomène des têtes oraculaires est bien présent dans
l'ancien testament sous le nom de teraphim, figures momifiées
sous la langue desquelles étaient placée une plaque d'or avec
des incantations..."
Sujet 6
où et quelle parole
à ce dire foutre quand
au plus près d'un autre
fatras celui du mal
qui résonne et entonne
son chant dans un rythme
endiablé et enlacé le
corps privé de toucher
d'un corps éclaté se
double de chair coulée
dans la couleur que
le peintre seul peut
rendre compte et sortir
de sa doublure par
l'action-painting l'acte
de dessiner ce que
nommer la matière fait
bouger les corps les secouent
les rends à leur mobilité
celle du pulsionnel
incarné de l'action
Christique renouvelée
le lieu de la parole
est le point celui d'un
arrêt qui redonne à la
langue sa chair ce dont
le sujet vient sommer
le seul espace que le
corps produit et qui laisse
à l'être le pouvoir d'écouter
le dire et par là la loi
comme tentation image
répétition du jeu social
de son volume pris dans
une dérive des générations
de la reproduction
somme toute du pôle
féminin du chant
de l'entrée dans le dire
producteur d'affects
comment atteindre le
fil du dire dans l'écoute
seule alors que le corps
peut sans l'usage de
la parole si celle-ci
tient l'espace comme
sa jouissance dans une
mort programmée
des corps naissants
démembrés dans le dire
la peau, le pli - SUJET 5 / 14
cliché de François Leclair
L'âme n'est pas la peau, l'essence qu'on retire de cette surface
charnelle n'est pas sans rappeler que la mémoire se joue de
toute surface, qu'elle soit culturelle ou physique.
Seul l'instant, l'inné, l'immédiat, l'éphémère peut craindre qu'un corps subisse qu'on lui inculque une âme pour
la lui arracher.
Sujet 5
si le corps peut il sort
de sa textualité pour
dissoudre le dire dans
un pari que seule la
chair donne à trans-
paraître pour sombrer
dans le pli le côté
baroque de la divine
humanité du dire du
sujet divisé pris dans
la grandeur du chantre
entendu par le foutre
comme exutoire ou dé-
rivatif de ce qui lui
colle à la peau de ce
peu de peau qui lui
reste en somme l'er-
reur de toute chose sa
doublure son poil plié
à côté d'un autre pour
donner l'impression
au texte qui sort de
ses pores loin de l'être
au plus près de la
chair du corps entravé
dans une aire de la
forclusion du parlant
enfin rivé à son être
à son traitement à sa
cure à son discours à
sa sommation celle
du sujet lié au corps
du sujet double par
la vue-vulve et aussi
le fonctionnel le sujet
qui n'est pas la somme
ne serait pas corps
inerte mais sujet
tabou là où le geste
sexuel n'est pas encore
érotisable le corps
naissant traite le son
au même titre que la
mort socialise toute
action la pressant
pour neutraliser la
forme humaine in-
existante du point de
vue du corps naissant
musiques / du collage parodique à l'élan passionnel
Alfred Schnittke
le 6 avril 1989 à Moscou
"... Le quatuor à corde No 4 composé en 1989 représente
un aspect plus ramassé et plus sombre du compositeur.
Il laisse une impression de nuit obscure parcourue de
quelques gémissements, une "suite lyrique" sans amour
composé en cinq mouvements. Ce quatuor dure environ
38 minutes. Ces mouvements donnent la prépondérance
à l'obscure pour terminer dans le silence..."
SUJET 4 / 14
tablette d'écolier, Basse Mésopotamie,
fin du IIIe millénaire, argile diam. 7,4
x ép. 25 cm
"... En évoluant du signe-image au signe-son et en devenant
cunéiforme, l'écriture passe de la notation aide-mémoire à
l'enregistrement de documents religieux, de textes littéraires
et poétiques (épopée de Gilgamesh) entre autres..."
écriture cunéiforme
"... Les scribes, Dub-Sar, ont laissés des essais sur leur
formation, qui sont devenus des textes classiques maintes
fois recopiés dans l'école, l'E-Dub-Ba, la "maison des tablettes..."
"... Les anciens habitants de la Mésopotamie avaient une
idée très élevée de leur écriture..."
Sujet 4
la capacité à densifier
la textualité relève d'une
amorce de ce que dire
peut régler résoudre la
problématique picturale
dans une plongée dans
la matière textuelle via
le pictural la couleur
image acoustique comment
se peut-il qu'un corps
d'écriture donne le ton et
le son à travers ses mo-
dulations ses vibrations
audibles dans des règles
sonores comment avancer
dans la scription sinon
suivre le son dans l'écoute
à l'écoute dans son trai-
tement par son système
d'impression auditive
le noeud du dire se peut
dans une substantivation
du corps d'écriture qui se
construit peu à peu dans
son approche du jeu avec
du réel par l'entremise
de l'aléatoire qui sonde
le monde profond de
l'image déjà en deçà
de l'inconscient du rôle
que celui-ci entretient
avec la parole avec son
sujet débordé par l'acte
de mise à mort de son
Dieu de son monothéisme
pour continuer laïque dans
la parole résurrectionnelle
la parole sauve toujours
la mise à l'image quoi
qu'en dise la scène Catho-
lique à cause du repas
Christique là est la den-
sité de toute langue dont
on retire cet alignement
comme cause comme
tentation de tout actant
face à sa charge émo-
tionnelle
vendredi 15 juin 2007
musiques
Sujet 3 / 14
Le Christ de Servian, 2006
Véronique Bellot
catharisme
"... De Servian, bourg hérétique cathare, ses habitants apeurés se
réfugièrent à Béziers pour y trouver la fin que l'on sait lors du
massacre de ses quinze mille habitants..."
Sujet 3
lancé dans cette course
à l'identité le texte
s'allonge se donne
les moyens d'une autre
lisibilité de son corps
d'écriture pour ne plus
perdre son dire et lui
rendre des intentions
moins baroques où
danse et vidéo confi-
gurent une alternative
de génération l'all-
ongement rime poétise
et vient grossir le
rang des pages noircies
des sons ininterrompus
jusqu'aux rivages du
sujet plongé dans le
dire dans la transition
humaine pleine de ne
plus dire d'un dire
qui n'aille pas de soi
et qui fait fondre l'i-
mage comme délire
comme si l'imagination
venait soustraire l'être
au parlant via le sujet
jusqu'alors marginalisé
le seul espace qui vaille
donne à la respiration
le rythme des corps gr-
andissant question de
figure ou condensation
du facteur humain au
profit d'une vacation
subjective où sens et
loi trament le moment
de jouissance pour traquer
le site phrastique dans
ce qu'il a encore d'interdit
l'érotique est encore là
où on ne l'attend pas
privé d'image qu'il est
en tant qu'amorce d'une
chair d'écriture d'une
production d'images
pour peu que l'on s'aventure
dans ces travers la vie
est l'allongement textuel
SUJET 2 / 14
triptyque novohispano 2006 plumes, cartes et graffiti Alessandra Russo
Sujet 2
en filigrane en réserve
en action quelque part
se dresse cette densité
non encore élucidée
qui tient lieu d'ordre
d'un ordre que seul
l'inconscient arrive
à gérer à gestualiser
sous forme d'écriture
dans la deuxième
apparition celle qui
efface le corps résurrec-
tionnel ou si l'on
veut la liaison du
dire et de la mort
la mort n'allant pas
de soi celle-ci termine
le récit de toute langue
pour laisser une amorce
apparaître sous la forme
d'un dire autre faisant
figure de tout sujet
anthéologique notons
le désordre dans toute
formulation de cette
capacité à doubler l'a-
gencement la structura-
tion de l'imaginaire
à travers l'irrecevable
et assourdissante ges-
tation d'un corps dé-
plié verticalisé et
soumis à la parole
la dérive des langues
résonne à nouveau
dans un mal nécessaire
qui vient sortir la
graphie de son rôle
d'arbitre le voir passe
alors son temps à
tenter une approche une
redéfinition du pa-
radis un décryptage
contemporain qui passe
par un travail dans
la textualité un travail
dans l'ordre de tout
imaginaire
l'art par soustraction
l'apparition de la Vierge au sourd-muet
Moretto, 1532.
"... Grimper dans la montagne du monte Paitone, en
Lombardie, pour aller voir un tableau fondamental
de la Renaissance italienne, l'apparition de la Vierge
au sourd-muet du Moretto de 1532, caché dans
l'obscurité d'un sanctuaire au parfum intense d'encens,
sanctuaire auquel on accède après une longue marche.
On arrive au tableau à la fois épuisé et tonifié par cette
élévation physique et subjective qui donne à l'oeuvre
l'aura d'une vraie apparition, au coeur des montagnes
qu'on vient de traverser..."
Alessandra Russo
mardi 12 juin 2007
SUJET 1 / 14
La vague 1869 Gustave Courbet, 76 x 151 cm.
Chant en deux parties:
Diptyque opérant un retour sur le Sujet au moment ou
celui-ci n'est plus que l'ombre de lui-même et, interdit,
voir censuré dans le régime politique actuel. Faire remonter
ce Sujet là est le risque, un signe que la liberté des corps qui
pensent n'ont pas fini de renouveler son espace; celui qu'une
subjectivité peut, et ce dans un temps court, juin 2007.
Chant 1 " Sujet " de 1 à 14
Chant 2 "Autre / Sujet " de 1 à 14
Sujet 1
Rien de ce que le dire
peut va au plus près de
la ligne de fond que
vient dissoudre ce que
le faire donne à la vue
en ces termes que valent
les résolutions les pro-
positions du site du dire
pris dans la déperdition
de ce que la vue englobe
selon ces termes nous pou-
vons croire que la seule
vocation humaine est
de résoudre par la pensée-
action des faits en
quelque sorte tangibles
mais rien ne prouve que
ces idéaux tendent à la
haute connaissance de
l'être parlant pressé dans
son dire et du faire dé-
possédé qu'il est de l'ins-
tinct d'espèce de l'ani-
malité humainement
possible l'écriture peint
à travers l'image qu'elle
tire qu'elle "animalise"
afin de faire vibrer de
donner à ce qui revient
à la lecture l'ultime
cicatrisation à la co-
médie ses lettres d'avan-
cement du site scriptural
de la mémoire à rebours
de la connaissance d'une
mouvance d'un flux
somatique nous pouvons
avancer sur un socle
où lois et pulsions sont
dans la dissonance
l'intérêt que lui porte
l'être écoutant donc
jouisseur donc intelligible
donc damné donc pris
dans sa chair dans la
parole comme fond de
tout sens de toute li-
sibilité n'est-ce pas là ce
que l'on nomme le
pré-texte
lundi 11 juin 2007
Première période, textes d'avant 1975 - 5
qui faisait comme une fleur
2003 Caty Banneville, 100 x 100 cm.
Que sa beauté indolore, et de la senteur perfide qui tombe
sur moi, de sa ferveur à m'obtenir et de son impassible attention
toute incomplète d'entreprendre, et à s'étendre pour se sentir
bien de mon odeur, de son incomparable indécence; je tire
mon inconfortable laideur du sexe endolori. Je peux entretenir
les liens avec sa partie sexuée, sa présence primordiale d'attirer
et de suspendre, sans que cela n'entraîne à l'amour. Tout devant,
certes déplié, incomplet, sans entraves ni la curiosité fade et
intempestive de la vulgarité, face à ce qu'elle entraîne, pour
m'emporter; j'arrive devant sa rondeur qui descend jusque sous
le ventre, au dessus des jambes repliées pour cacher l'ampleur
et la protubérance de ses boudins bien roulés. L'entrée se présente
à mon cri comme au pire de l'étrangeté. Des lèvres carminées
et gonflées, comme meurtries d'une impatiente bouffée, viennent
s'exhiber; entrouvertes. Les membres tirés s'allongent dans la
démesure et l'oubli. Je ne sais si c'est la première raideur contre
elle qui la poussera à s'enfermer, d'aspirer mon tronc, mais tout
de nous deux ne sera plus que pulsation et montée de sang.
Elle est au bord de l'indifférence et de l'abjection, qu'elle soit
pendant l'acte contractée ou détendue.
Les Hébétudes 2006 / 2007 - 7
Cliché: Xinjiang, la Chine
réinventée, 2006 Joan Bardeletti.
Espace trouble en Chine: "Le Xinjiang est aujourd'hui la seule
province chinoise où des opposants politiques sont mis à mort",
Joan Bardeletti.
Les Hébétudes - 7
L'hébétude prend acte qu'un corps peut peindre à partir du réel/
vrai qui n'est pas encore le vécu commun mais sa loi, pour le
dire virtuellement à travers la peinture qui fractionne une
subjectivité avant de la faire être, avant de la socialiser. je n'aurai
de cesse de le répéter qu'il faut travailler la forme impossible à
visionner par quelqu'autre moyen que celui de la peinture, là où
son invention semble questionner l'être à rebours.
* Julia Kristeva: "H explore le moment où le matérialisme peut
se parler. L'épreuve de l'attaque, de la séparation pulsionnelle,
de l'immobilisme ou de la mort, en même temps que leur reprise
dans une polyvalence logique découpée, rythmée. Le sujet se perd
pour s'immerger dans le procès matériel et historique, mais il se
reconstitue, reprend son unité et parle, rythmé, sa dissolution aussi
bien que son retour. Le rythme est l'énonciation de la douleur. Une
douleur ressentie comme telle dès qu'un mot (signifié, signifiant) se
pose; une douleur qui ne s'évide qu'après avoir bombardé tous les
mots en circulation dans, avant, après, le sujet énonçant. Sans cette
douleur d'une schize multipliée, aucune chance de parler le procès
du sujet, de la matière, de l'histoire, comme un procès dialectique,
c'est-à-dire un et hétérogène."
L'ébétude est un risque= entendre.
Si le réel va de soi d'un point de vue ontologique (connaissance
de l'être plutôt que son "sujet"), le risque que prend l'entendement
à convaincre l'analyste va rendre l'hébétude à son sujet comme risque
de prendre l'Un à son défaut: l'hétérogène, la matière du mouvement
( qui n'est pas les corps), la jouissance qu'un corps d'existence a
d'entendre ce qui se joue d'hébétude pour qu'un sujet parlant produise
de reconnaissance, d'étrangeté face à l'Objet (qui serait son point de
non retour, sa fin, l'origine de l'être qui n'est autre que la Chose
entendue comme représentation), de la Chose qui a à voir avec
l'hébétude.
L'hébétude est une clôture, un noeud dont les aboutissements se
séparent en l'absence d'une "figure" (le noeud) d'existence, de ne pas
être désiré (l'inconnaissable), mais faisant figure puisque tout dans
l'hébétude est histoire d'intérieur/extérieur et fait qu'il y a reconnaissance
(le noeud borroméen) d'une énigme qui pose tout questionnement,
toute lisibilité (celle d'une langue dont le mouvement fait perdre le
"sens" mais aussi lui donne comme virtualité de "construire" un
pensant, sa vue que d'aucun ne traduiront sans une relecture de ce qui
fait penser l'être qu'une hébétude isole), questionnement de l'être, du
fini; respiration de la langue, elle se prend à parler, à inventer par le
rythme, l'écriture se prend à son défaut, se prend à érotiser la langue.
L'hébétude n'a pas fini de produire du Réel, vrai vraisemblablement,
en tout cas "vréel".
jeudi 7 juin 2007
l'oiseau vole
la sarcleuse 1961- 63, Georges Braque
"La campagne travaille désormais sans paysans."
l'oiseau vole
par l'amour du vide
par l'effort qu'il consent
jamais l'homme n'aura d'air
devant ce spectacle délectable
apostrophe l'enfant arrêté
dit qu'il est beau l'oiseau
pour montrer la terreur du lieu
au dessus du nid de ces gens
mais l'oiseau vole sur eux
avides de gloire et d'espace
la loi des penseurs acerbes
demeurant immonde par la foi
devant ce visage pâli
en passions éperdues
en rut et en équilibre
de cette aire civilisée
du ciel assombri et meurtri
et que naisse cet évadé
en haut loin des hommes
l'envol du nid perché
après qu'il lui soit donné
l'oiseau vole de son propre chef
Décembre 1989,
Thierry Texedre.
mercredi 6 juin 2007
La nudité
Hermaphrodite, Longelin Franck
La nudité
devant cette
indécence
elle lui
susurre
d'arrêter
après s'être
dévêtu
découverte
alors
de cette
ombre
masculine
aux formes
alertes
et
rudes
avec
au bas
du ventre
ces sacs
et cette
pendaison
qui
confère
à la
nudité
sa
virilité.
Janvier 1990,
Thierry Texedre.
Musiques
au piano, Philip Glass
"Il développe une musique basée sur des modules répétitifs."
Écouter son opéra Le voyage créé en 1992.
le grand souffle, Thierry Texedre 1990
L'immonde
animal
humain
pour ta
bouche
ouverte
devant
ce festin
collectif
avale
sans
recul
ta proie
de chair
évertues
-toi
à rendre
au public
ta
fortune
buccale
saisi
par on
ne sait
quelle
boulimie
promet
d'offrir
ces
cris
à la
divine
comédie
arrache
à la vie
ce qu'elle
a de plus
informe
le coeur
vidé
de son
amour
la mort
au
milieu
de cet
infini
prend
les corps
livides
et blancs
destinés
à être
perdus
entassés
et nus
au fond
de ta
gorge
chaude
terre
d'accueil
pour
de futurs
élus
dans
un
hymne
au monde.
Janvier 1990,
Thierry Texedre.
mardi 5 juin 2007
réponses à quelques questions - 9
sous l'arbre,1987 Philippe Agostini, 200 x 150 cm.
"Le motif ne construit pas l'image. Tout cela se met en place,
s'organise comme une plante qui chercherait la lumière
dans une pièce sombre" Philippe Agostini.
"Pas de composition préalable. La peinture de Philippe
Agostini oscille entre continuité et rupture."
Qu'est-ce qui vous fait choisir aujourd'hui l'écriture plutôt
que la peinture, comme travail plus pertinent?
Thierry Texedre - C'est sans doute l'amour de l'image,
mais surtout de ce qu'elle ne cache pas, c'est à dire
sa chair.
Ce qui apparaît comme divinatoire et qui est en même
temps atemporel, dans le sens de l'éternité de l'image
prise dans la subjectivité qui elle est liée à la mort.
Nous pouvons reculer devant cette synthèse qui veut
que l'image numérique supplante celle plus archaïque
du tableau ou de la surface liée au support, à l'objet
de la reconnaissance.
Il faut un réalisme ou une certaine dose de conviction
pour illuminer ce qui reste de peinture dans ce débat
de début du XXIe siècle. Et ce sera chose faite d'illuminer
la peinture comme Dieu qu'on a voulu pour mort avec
les manipulations génétiques naissantes. Tout cela est
affaire de vue et par vue il faut s'en remettre à la musique,
à l'audition.
Histoire de saut qualitatif qui va devoir être fait par les
peintres pour maintenir l'image comme Dieu; et ça
représente non de croire en un dieu ou d'être iconodule,
mais de travailler l'image de la peinture pour la rendre
à son sujet qui n'a plus de sens en dehors de la dépense.
Dépense et jouissance comme oppositions dont la
censure va ouvrir les vannes pour nier l'image, et faire
croire que Dieu est mort parce qu'il n'existe pas!
Non, c'est encore une fois une histoire de structuration
des êtres parlants, qu'ils soient être c'est l'image qui le
dit dans un temps court du vivant, dans ce qu'il le figure;
et ce dans une société où jamais le hasard n'abolira
les grammes scripturaux qui font et défont la peinture
de ce siècle.
Nous en reparlerons, cette scription est celle que la
peinture veut pour représenter non l'image en tant
que forme, mais pour donner à tout sujet la capacité
d'aller jusqu'à rendre à l'inconscient la possibilité
d'être un langage!
thierry Texedre, juin 2007.
lundi 4 juin 2007
Les Hébétudes 2006 / 2007 - 6
l'hésitation. La compagnie de Vénus - 2000
Marie Sallantin, 116 x 89 cm.
" Les mythes ne sont que la parole ancestrale d'une civilisation"
Giovanni Lista.
" Pourquoi Vénus? Parce que le thème de la femme nue, apparu
vers 1500 dans l'art d'Occident, est historiquement à la fois une
affirmation de la peinture et de la beauté"
Jean-Luc Chalumeau.
Les Hébétudes - 6
C'est un fait avéré que le corps prend naissance dans le " all over "
coupé en deux divisé, et qui laisse passer la lumière que seul un
corps morcelé peut résoudre métaphoriquement, en créant un
double, son image pour le coup, parce qu'un corps ne peut que
cliver son "être".
C'est en cela que Picasso, puis Louis Cane s'y sont collé, livrant par
là bataille dans une déconstruction de [l'image / l'étant / la langue],
doublant en cela toute valeur marchande; ça livre des choses encore;
contre toute attente, ça trouble de reconnaître ce qui se fait dans
l'hébétude, ça ne peut que s'entendre du dire qu'une musique
commence à envahir tout l'espace extérieur à la peinture. Qu'en
est-il de la présence/ absence des corps dans la mémoire? C'est là
que se joue l'ordre la loi ( lire Louis Cane à ce sujet), lutte des
contraires, le dire en redemande de cette absence/présence des
corps mais en mémoire de quoi?
De quoi faire que ce qui pense n'est pas imprégné de foi ou
d'exactitude scientifique ( la recherche est indice de quelque chose
qui tire l'hébétude vers l'horizontalité du social, du commun), mais
bien d'une approche d'un lieu qu'un corps peut penser ( il n'est pas
en reste avec l'image qu'il invente pour faire volume, être par la suite,
de penser parce qu'il n'y a que ça à faire - créer l'image - le cri est
sorti d'y voir cette représentation - par peur - l'hébétude fait peur
aux corps qui y sont tombé; quel inconscient irait nier cela dans des
gestes plus sûrs que de croire, que de délier la langue dans
" leslangues " dans la littérature.
La picturalité va présenter au corps sa béatitude dans un format où est
représenté la loi, mais encore la jouissance à venir des corps, quelque
soit ce qu'un groupe a d'extraire par l'anthropologie l'hébétude d'un
autre groupe dont l'espace pensant permet un nouveau questionnement
un nouveau procès du pensant dans l'actualité contemporaine.
Il y a rupture dans l'hébétude, son évanouissement, son évanescence,
parce qu'une mémoire n'a lieu qu'à ne pas faire exister cette hébétude,
à ne pas la reconnaître, à agir pour ainsi dire sans jamais dire d'un dire
qui n'est pas celui analytique ni commun à l'opposé, mais par le biais
du pictural une peinture qui tient les corps au plus près du format
virtuellement peut-être mais visiblement pour que ce corps fasse
chair d'être parce qu'il est vu sous la forme picturale.
L'hébétude est tout sauf l'indice qui se joue d'elle, pour la retirer du
cadre de la vision, la rendre transparente telle qu'elle ne pourrait plus
jamais inquiéter la subjectivité.
Un peintre comme Marie Sallantin peut rendre compte de ce qu'est
l'hébétude entrain de prendre forme ( la loi l'y oblige ). L'hébétude
est pourtant devant, autre part, à la croisée de ce que l'écriture va
déchirer ou immobiliser dans l'histoire du code narratif.
samedi 2 juin 2007
Holocauste et Fugue, le risque.
vue en rêve,1910, Egon Schiele (1890-1918), 48 x 32 cm.
"La fugue (de fuga, fuite) est une forme de composition
musicale dont le thème, ou sujet, passant successivement
dans toutes les voix, et dans diverses tonalités, semble sans
cesse fuir." Marcel Dupré
pris dans la foi par le plaisir
Texte en 5 volets dans la digression.
Volet 1
Vois-tu combien j'ai eu
du mal à tenir ma
foi en ce qui reste
imperturbable: l'autre.
Je ne me prononcerai
pas sur ce qu'une
infidélité aurait de
désastreuse pour
la corporéité toute entière.
Disons simplement
que tout sujet de la
langue se meurt de n'y
pouvoir tenir et que
là où se tient le sujet
ça saute tout le temps,
même que la communauté
dira que ce n'est pas de
ce sujet là qu'il est question;
comme si le sujet était
pluriel, comme s'il
pouvait s'oublier
quelque part pour
préserver ce qu'ils
estiment être important;
et quelle immonde
proclamation que celle,
des êtres humains pris
dans le tournoiement
culturel et social déjà
révulsé par la génération
des filles et des fils.
Volet 2
Je dois mettre du
féminin en avant pour
bien marquer la
reproduction de l'espèce
avant celle idéologique
et de l'acquis des
sphincters-glottiques
aux stades de
l'apprentissage d'une
humanité naissante
mais encore tombée ou
tombant dans la
reconnaissance de
ce fait: l'analyse.
ne pas en sortir et
pour l'éternité rester
dans la dépendance
de cette peau neuve
à peine remise
de l'holocauste
charnel-sexuel
par l'entremise des
corps truffés d'organes
déroutants et de
chair inhumaine
tant par l'odeur
insoutenable qu'elle
dégage que par sa
capacité à développer
le sens d'imagination
de nos êtres obscènes.
Ainsi changer un mot
rayer une phrase, remanier
les termes pour produire
une langue vidée de
l'asens, reviendrait à...
Cut up.
Volet 3
Mutiler sur le champ
la seule énergie
qui fasse que l'analyse
aura lieu
et que privé d'analyse
nous serions par là-
même livrés aux
jeux de la misère
d'une vie où
l'intelligence et
les pulsions seront
affectées.
Être amené à faire
un choix dans le vide,
n'est pas du ressort
des plus infectés.
Et je suis de ceux-là.
Qu'en est-il alors
de cette peinture qui
me ronge et ressort
de mes pores sous la
forme d'une apothéose
à la féminité
livrée à son dire;
c'est à dire au
pire de devoir vivre
avec l'unique
humanité émasculée
Mais cette peinture me
creuse et se livre sur
moi à l'étrangeté,
phénomènes expiatoires...
D'un retour en force
du subconscient par
cette sexualité fantasmé
ou de la sublimation.
L'intérêt de cette
peinture n'est pas de
faire apparaître quelque
pornographie pour l'arrêter,
ou la faire voir, mais
de prendre les corps
habillés de leur chair;
Volet 4
et pris dans le mal
de s'y trouver pour
aller du stade
religieux à celui plus
récent et plus pertinent
de l'appel au plaisir
du relationnel et social,
comme soutenant
la modernité la plus
actuelle des sociétés
humaines matérialistes
dialectiques ou pluralistes.
La foi n'a plus la place
qu'elle tenait tant
dans la théologie que
dans un social à son
comble dans l'hétérogène
du chaos vu comme tel
mais toujours déjà
structuré, d'une structure
qui serait un indice
marquant mais aussi
pris dans la numération.
Nous n'en finirons
jamais assez de dire
ce qui révolutionne
tout sujet de la langue
à travers ce qui fait
symptôme en cette
dernière moitié de XXe
siècle: la peinture
livrée au dire, d'un
dire au-delà du visible
dans la lecture au
format et d'un dire
producteur d'un en-
deçà du processus
métaphysique et scientifique
mais encore d'un dire
n'allant pas sans sa
chair: la peinturescripturale.
Volet 5
L'idée qu'une lecture
serait possible ne va
pas sans poser dans
ce sens la traduction
de l'écriture à
travers sa "fugue"
phonétique ou l'écoute
par l'audition.
L'idée encore peu répandue
que de Rien ou du Vide
puisse sortir quelque chose
de lisible ou de stable
ou bien en traduction,
rend l'écriture et la
lecture qui pourrait en
être faite dépendante
de tout fondement
post-scriptural; irait
dans le sens d'une
retombée matérialiste
du soutien ou de la
doublure que reproduit
toute action pertinente,
relative à l'action peinte.
L'écriture est un spasme
qui devrait permettre à
tout écrivain d'en suivre
la prise de vie du point
de toute productivité,
et ce, avant que l'aspect
empirique et marchand
ne s'éprenne de la
syntaxe pour y mieux
rendre un nom, étendre une
plus grande cruauté
intellectuelle: la censure...
Thierry Texedre, juin 2007.
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