dimanche 25 août 2024

Polème

 

















Polème



Sur quelle ostentation le corps se traîne se traite

s’exhale et se rend au risque d’attenter peut-être

d’attendre qu’une autre découpe du temps s’opère

se risque à résoudre l'attentat dont souffre la chair

d’une découpe il y va l’autre songe de l’insondable

radieux et introspectif un songe qui souffle l’irréel

celui d’une nuit de l’improbable tentative de vivre

avant de peser cette langue celle d’un cadre sorti

du ventre de l’esprit entrain de naître en mots liés

là est le nœud inventé pour ne pas subir le doute

ça va butiner sur la couleur improvisée en plaies

pour asséner en rimes l’ourlet de l’inviolable peau

quel paysage voit l’affabulation du temps surpris

quel poème ensorcèle de coucher la lettre en lutte

pour chanter jouer d’une rêverie légère et exaltée

l’ombre polémique s’invite en passage désordonné

puisant dans les veines sombres du bras désarticulé

poussant au grattage à la chute au coup à l’incertain

pour rogner perturber la douleur du doute consacré

l’anticiper juste l’instant d’apparaître comme l’irréel

celui des ailes du temps dévorant la chair polème

qui sidère sème la surimpression en pluie d’images. 


  

Thierry Texedre, le 28 août 2024.




Isabelle Floch (1960-)

artiste plasticienne et écrivaine française

vit et travaille à Paris











    









dimanche 18 août 2024

Les fauves

 







Les fauves


La plaie reste ouverte au risque 

d’une tentation osmose avec la 

chair et le verbe irréel d’un corps 

une unité du tremblement sort de

nulle part pour sourire à la bouche

ouverte tous contre ces chaudes 

lèvres asexuées de la couche

maltraitée du vice et versa saucé

à la trempe pour glisser une giclée

au firmament les bras bien en croix

dehors ça fuit dedans ça hurle fort

partouze de la chair avec le verbe

maudit monstrueux d’une ouverture

qui ne se referme jamais le sommeil

vertueux ne cesse de rêver d’en haut

tant que le bas de braise par la sauterie

vautrée n’atteint pas l’océan mortifère

blessé par les frasques incestueux 

d’un corps de mémoire qui entourloupe

l’encens céleste la prière ubuesque 

qui frappe mille fois à la porte du dieu

sonne la sereine couche décousue

sous les plis d’une toile à tendre

le peintre s’en souvient ça sent l’huile

fraîche ça va peindre en couches

jusqu’à sortir la couleur d’un jet d’encre 

la titiller caresser des yeux l’interdit

plus près les songes s’effacent en lit

la déformation réticulaire du verbe

extrait l’extraction c’est ça la peinture

ça marche tant que la musique vit

au plus près du souffle souffreteux

au rythme éthéré des sons entrelacés

un jour blanc au loin se mire dans le sable

en traces raturées par les dents serrées

animal de la sainte improvisation du vide

vois l’innommable gonflement des seins

au rouge matin qui nous enveloppe

dans un drap succulent un drap fauve.


Thierry Texedre, le 18 août 2024.



peinture Otto Muehl “Papyrus Porno”, 1984, huile sur toile, 140 x 160 cm



 




jeudi 15 août 2024

Segmentation amoureuse

 













































Segmentation amoureuse 


Frappée du souvenir inassouvi d'un désir, la guerre m'émeut. Rares sont les ébats chatoyants qui m’entraînent dans d'immanentes ivresses d’un corps impromptu. Qu’est-ce qui me risque à entendre de déferlants amours, sinon ce qui augure à songer au pire envoûtement, à de puissants recommencements. Aimer, c’est cette rareté fatale qui m'enjoint de toujours salir l’être aimé dans sa plénitude, de rompre avec sa solitude. Exécrer ce qui dissout à jamais les frasques opulentes de nos débattements enserrés jusqu’au cœur de la chair. Qu’est-ce qui nous enjoint d’essayer, sinon qu’en est-il de la chair devant cette monstrueuse et sordide fatalité d’en finir avec cette petite mort qui nous assaille, celle qui dévisage l’amoureux du regard de l’autre. Ce qui impressionne le plus dans le rapport amoureux n’est pas l’immanence de l’acte, mais le vide que laisse son occurrence. Aucune parole n’atteint l’aura, le cœur segmenté de l’amour, le rapport a lieu quand l’immédiateté seule n’a aucun sens. La segmentation amoureuse est un risque pour l’opportunité du langage amoureux. Ce qui n’est pas encore du langage et qui pourtant sera érotisé montre bien là cette impossible reconnaissance de l’autre aimé. Ce qui est séquencé n’est pas encore l’indomptable désir d’une parole du double jeu de l’intermittence. Le jeu amoureux se rapporte au risque mesuré que l’autre a de son absence, de son occultation, et ce dans l'interaction que deux corps parlants ont avec un tiers dans l’injonction du pouvoir de leur désir. Quel risque y a t-il à opérer une saisie de cette mise en mémoire tampon du rapport amoureux, sinon à oser un songe d’une autre espèce, de tenter quelque chose qui a à voir avec l’érotique. Un sens nouveau advient alors. Il y va d’une insolation amoureuse. C’est quand le même a lieu dans une irisation, une programmatique de l’unique à la disparate, comme chaîne, plongée dans l’irréalité versus de l’éternelle douleur d’un champ amoureux.

Il y a un chant dans l’amour. C’est ce qui fait chair quand la vue se trompe. Cette chair est l’opuscule d’un temps à venir. D’une abstraction temporelle, qui pourtant semble plus réaliste que la pensée en train de se défaire de ses mots, de l’enterrement de ces mots. Si l’enterrement est quelque chose qui ressurgit du corps silencieux, c’est par la mémoire de l’autre aimant qu’un enterrement ait lieu ; c’est la résurrection de l’être aimé. L’être aimé n’est attaché à une segmentation amoureuse que dans l’immersion du corps imaginé, d’un corps qui n’est pas double mais pluriel. L'imaginaire dissout toujours la parole dans un décalage   qui ne peut être conscient qu'à restituer un rôle théorique à cette parole ; là l'est le nœud insaisissable de ce qui se nomme vrai, voilà bien là l'occurrence d'une parole insoutenable face au réel aveuglant son sujet. Si le réel côtoie l’imaginaire à trouver sa relique la parole, alors ce qui fait sens ce n’est plus la parole en tant que telle, mais ce qu’elle convoque comme érotisation du corps augmenté, d’un corps amoureux qui n’a de cesse de répéter sa chair, son décollement de la langue parlée.

Thai Mainhard prend en écharpe cette attraction amoureuse qui défie la pesanteur du réel ; ce serait une introspection de l’organique, du végétal, de l’objet pour tenter une diversion, une division des éléments reconnus pour les vider de leur substance vitale. L'artiste sublime la matière jusqu’à prendre en chasse ce qui reste des formes. Les couleurs vont décider du temps imparti dans le tableau du choix d'un choc, dans un mouvement de va-et-vient du geste. Ainsi, l’artiste peintre réalise une déconstruction du vivant, réhabilitant par là les pulsions dans leur jeu avec la couleur, sa sensualité, et conséquemment, imprime un état formel de plus en plus disparate, parce qu’impossible à prévoir, à prédéterminer. Le geste va inventer la couleur qui chante en faisant jouir un corps qui s’expose et qui prend forme dans la couleur. La forme devient l’énigme qui saute aux yeux pour laisser croire qu’il y a un lien, un lieu, quelque chose qui se finalise, se répète. L’harmonie a lieu, parce que la forme est dépossédée de sa fixité comme objet, son lieu ne peut pas encore se répéter pour une reconnaissance ; il n’y a pas de signes.  



Thierry Texedre, le 1 août 2024.





Thai Mainhard est née en 1990 à Rio de Janeiro, Brésil

artiste peintre qui vit depuis 2010 à Los Angelès