L'orifice bleu
Sur cette plénitude du corps visité
la pensée qui trousse et se trempe
à satiété de n'avoir envie de rien
le rien est la dépendance au tout
voilà la rencontre du corps caverne
qui s'ouvre lentement aux plaisirs
usés de la couche froissée du temps
l'incendiaire du désir de l'autre éludé
par l'apparition sucrée jeté sur le sacré
hors du secours escamoté par l'envie
entrant dans l'impensable raisonnement
d'un grand tremblement des os rongés
par l'effervescente descente aux enfers
du corps médusé par le pouvoir intime
sur la vue de ses ivresses tantriques
lente agonie de l'indécidable pensée
pour fuir le temps malhonnête du vide
au loin qu'en est-il du carnage vital
de la détestation de la peur de la fuite
aussi vers ces opportuns festins
charniers qui frôlent la jouissance
ça joue donc et ça jubile gentiment
avec l'esprit comptant la mémoire
et les os et la chair et le tout dépecé
jusqu'au sang versé dans les grandes
rivières d'un coup pour occulter le trou
l'orifice bleu de la vue naissante
le commencement n'est pas encore résolu
le déluge a encore de beaux jours
à supputer à inventer cet objet tant désiré
d'un esprit trop indolore pour penser
sa sortie en coin chassant les effluves
du tableau qui récite les sacrifices
d'une peau délibérément occultée
à cause de sa misérable disparition
montrant par ce petit œil incertain
la licencieuse pose la poésie occulte
dans les profondeurs de l'anus solaire.
Thierry Texedre, le 24 août 2022.
dessin de Gaël Davrinche (Fillette 01 technique mixte sur papier 17, x 22 cm 2019)
peintures de Thierry Carrier (Sans titre, série L'enfer 1,3)
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