vendredi 31 août 2018

Le non fini

Giorgio Griffa (1936-)

« Giorgio Griffa dit préférer souligner le rythme plutôt que la répétition du signe, car le rythme est un moyen de connaissance depuis toujours (rythme de l’agriculture, de la Lune…). Il ne cherche donc pas à enclore du temps dans la toile mais, presque au contraire, il place sa toile dans le temps.
C’est une écriture sans langage, qui ne réfère à rien d’extérieur, et pourtant parle du monde. Il y a des ponctuations, des virgules, des apostrophes, des points qui ne sont pas « finaux ». Des points qui évoquent le début ou la continuité de quelque chose mais certainement pas sa fin. Un langage qui ne fait pas récit, qui reste opaque, imperméable à toute narration. A l’opposé d’un Pollock, son geste n’est ni mystique, ni érotique, ni romantique. »












Le non fini

Qu’est-ce que c’est
la loi se retire
au profit d’un temps
possédé par l’œil
restreint l’œil étreint
loi surannée qui serine
l’oreille qui écoute
un temps qui peut
celui de l’absorption
d’un corps utérin
compilation d’un acte
commun et antérieur
au temps tautologique
qu’est-ce qui sort
quand une parole dit
sinon ce qui traverse
la chair jusqu’au cri
ulcéré et noué
les fibres d’un corps
qui sort de sa densité
pour laisser courir
une voix hors temps
une voix qui couvre
lentement la dispersion
d’un corps caverneux
le sexe non fini
d’une traversée
de la monstration
que la loi intente.


Thierry Texedre, le 31 août 2018.









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