jeudi 26 décembre 2024

Corruption

 



 Corruption


En surimpression

la course différente

du corps du cou qui fuit

sa lueur intemporelle

quitte le cul cavité

qu’est-ce qui se crispe

à l’envers et rentré

à cause du sol cul nu

ventre à terre ça ferme

ça défonce l’air

ça clos tout discours

et renvoi au foutre

à tous les sortilèges

du pourrissement

toux gravée dans la peau

en sursis qui se trame

la peau plissée en creux

sans sourciller à l’œil

et le clap du temps

rentre avec une autre nuit

le long des gorges étreintes

des profondeurs des ondes

électriques au nez

dantesque ça sent

les effluves goudronnées

dans l’acide ophtalmique

un jour il passe par là

pour clore tout désir

qui ruisselle le long

d’une joue ronde

gonflée et rougie

la drogue n’est plus

ça cause encore pour rien

l’esprit s’en souvient

c’est pour ça que ça tombe

et de plus haut et en plus

pour épuiser le corps

qui court vitesse en gris

fléchée en nombres

le long de la peinture

la chienne aux aboies

la peinture perce le corps

depuis la vue étranglée

la voix aveuglée

claque des seins

cloaque du sexe

danse dans la subversion

des troncs violés

voile crépusculaire

des dieux impuissants

hauts lieux de la parole

qui frappe ces corps

dissous en discours

perpétuels de la fuite

ça fuit de partout

les lignes fuient

en croyance dure

la musique menstruelle

du sang impuissant

ce geste du jazz saoul

trans de la transgression

le nom improvisé

de la cohorte coupable

jeté au pieu du mensonge

au feu d’un sujet

resté sur l’overdose

loin derrière un coup

de dés qui tourne carrée

l’affabulation des sens

tout cela respirant

jeté encore au sexe

tarabiscoté et torpillé.




Thierry Texedre, le 26 décembre 2024.





samedi 21 décembre 2024

Le corps palimpseste

 

























Le corps palimpseste


D’un pourrissement du temps comme site de l’émasculé qui vrille chasse change de registre le temps alors alourdi par ce manque de pression s’étire se convie à d’autres jouissances peut-être celles qu’un corps peut en caresses en attouchements en rencontres en délivrances du dedans celles de la chair qui se couche en cris de la plaie d’un dieu absent d’un sens recouvert par ceux de la déploration l’existant entrain de naître loin d’une psychanalyse psychotrope loin d’un réel touché par l’excavation d’un scientisme obsessionnel le corps n’est meurtri qu’à oublier ce qui lui déforme ce qui le pense ce pourrissement ment depuis le temps qui le compose le corps saute à trop penser le temps comme sujet le sujet n’a rien à voir avec le temps.

Par dessus ce qui disparaît naît une certaine cooptation de l’image c’est qu’il y a à voir avec le temps mais pas celui d’un réel imaginé par le matérialisme c’est plutôt ce « vréel » dont on mesure à peine la transformation la discontinuité du temps qui dans un absolu reste encore celui qui vaut pour un réel occultiste et destructeur ça sent le massacre ça ondule par une musique qui forclos tout sens toute information qui se soude au temps de la langue parlée.

De cette indistinction naît une peinture de la pression de la compression de l’idéologie impossible de la théorie improbable tant que l’artiste qui peint touche à l’image de l’avant tout raisonnement et de l’après-coup de pinceau trempé dans l’illumination malgré un coup de dé innocent la peinture peut-elle sortir de ce service de sa servilité de sa temporalité malgré elle peut-être par cette course effrénée contre une saisie historique en cours peindre reviendrait à vivre sans plus ni moins une mise sous tension du sens partageant les signes d’une inaugurale instabilité d’une traduction verbale en cours plus vite et plus transgressive que la langue parlée présentement.

S’il y va de la peinture c’est parce qu’un corps possédant l’image de sa transparente coupe de la transcendance que cette même peinture nous permet une reconnaissance un lien sacré s’y opérant transversalement à cause d’une charge non stable une charge qui oblige le récit à faire temps afin de se risquer au corps de l’ensemencer du doute et que vivre est un risque pour montrer par la peinture que le mal s’y invite à trop laisser ce corps s’esquinter se blesser et parler la langue du plaisir soustrait à la mémoire.

Les gestes de Celia Lees nous donnent en spectacle une certaine ouverture de la chair, quelque chose de marquant peut-être. Ici, c’est de l’ordre de la ponctuation que s’anime, se superpose à cette peinture abstraite et minimaliste toute rythmique d’un corps qui danse sur la toile dans un mimétisme oculaire, une écriture du présent qu’un corps qui peint peut d’exister. Celia nous détourne sans cesse de notre croyance, de nos acquis, de notre savoir ; l’artiste place sa peinture dans une vision binoculaire. Sa place fait souffrir la langue parlée. Elle la détourne de sa livraison, de sa consistance. Le jeu des couleurs sourdes divise les lignes, les surfaces transparentes et les erreurs supposées masquer ce qui vaut pour une fin en soi, un état de la peinture qui se suffit au regard qui englobe. Celia Lees retravaille alors sur ces erreurs, ces manquements comme départ ou déviation, nouveaux sens à la peinture. L’artiste a commencé à peindre en 2017.

« Je commence toujours par préparer la toile dans une couleur neutre pour l’arrière-plan. J’ai alors une idée générale des couleurs que je vais utiliser et j’en sélectionne une pour faire la première marque. Une fois la première marque posée, cela devient une exploration additive et soustractive jusqu’à ce que je sois satisfaite de la composition visuelle. » L’artiste aime peindre sur de grands formats, et utilise les mouvements de son corps pour neutraliser les gestes classiques de la peinture.

Celia Lees aime à parler de ces peintres connus qui l’influence, ponctuent sa peinture ; comme Cy Twombly, Willem de Kooning, ou Yann Houri peintre contemporain.



ThierryTexedre, le 20 décembre 2024.


Celia Lees (1996-)

artiste peintre canadienne

basée à Toronto, au Canada






 



 


lundi 2 décembre 2024

Peindre l’inimaginable qui fuit

 









 


















 Peindre l’inimaginable qui fuit


Emily Kraus est une jeune artiste qui se mesure au risque d’appréhender ce qui se dresse contre la technique picturale qui fait sens, qui centre le regard qui dessine le spectre de la peinture qui figure ou qui défigure dans une polyphonie de l’altérité support/surface. L’artiste prend le volume comme base de l’exercice physique d’une interpellation de la fuite dramatique de l’image sous le regard compulsionnel du spectateur, qu’il fut l’artiste ou le regardant extérieur. Tous les deux seraient donc la somme de cet exercice physique opérant ainsi une course contre la montre contre cette fuite de l’image à mesure qu’on la découvre. Emily Kraus peint sur des rouleaux qui sont eux-mêmes par transfert et forçage (tension des toiles autour des quatre piliers qui tiennent les barres enroulant la peinture) le point nodal d’une découverte des traces de peinture sur les supports. Les images qui en résultent montrent un élan, une structure qui draine la répétition due à la vitesse, quelque chose du Futurisme voué à la mésentente avec le regard au présent. Kraus parcourt le processus par couches successives, intriquant des couleurs déjà là pour les raisonner ou les montrer tel un hasard opérant. S’il y a du rythme, c’est aussi pour faire défiler cette partition qui laisse le repli musical dans un questionnement, une charge peut-être nouvelle comme création. L’imaginaire semble mis en concurrence avec ce qui s’écrit sous nos yeux. Y a-t-il une nouvelle force que l’inconscient n’a pas su résoudre, une autre réponse au conscient en train de se découvrir dans un temps hypnotique de la présence ou non du « filage peint » ? La beauté des peintures d’Emily Kraus résiste au risque d’une telle machination face à l’Histoire de la peinture.




Thierry Texedre, le 2 décembre 2024



Emily Kraus (1995-)

artiste peintre née à New York, Etats-Unis

vit et travaille à Londres







dimanche 10 novembre 2024

Coupe du corps De l’incarnation
























Coupe du corps

De l’incarnation


Suintement, sans cette réverbération qui nous tanne, la peau glauque sort de sa gangue, comme si de caresser la peau ça avait une incidence sur le plaisir de se couper. Lassitude de la peau qui saigne sous les coups de force de la main indiscrète. Elle tape sans relâche, laissant sans voix le haut du corps dénudé. Les bras retombent le long du tronc, laissant libre l’espace autour, un peu comme si on empêtrait la bonne marche ; c’est la tempérance d’un acte normal du fonctionnement du corps. Un matin, peut-être, au réveil, ça prend forme. Les bras se dispersent, se développent pour s’étirer, gonflent le corps, et retombent avant que les jambes ne soient incitées à sortir de sous les draps. D’un coup, le drap du dessus est retiré, au pied du lit, tout froissé ; il y a comme un désintérêt à plier à se plier à quelque ordre. Le blanc des draps est parsemé de taches rouges ressemblant à une duplication, une réplique, un collage parfait à ces coups au corps. Il se dresse debout à côté du lit, nu aussi, la nuit devait être chaude. En face, un miroir laisse apparaître une silhouette qui se retourne de trois-quarts comme pour faire voir des fesses rondes et un profil plutôt mince. Le haut du buste laisse entrevoir une redondance des seins. Des blessures aussi, comme des ratures, des rayures apparaissent un peu partout sur le corps, dévorant son image. La douleur semblait inévitable, réelle, du moins, pouvait on le prétendre. Peut-on encore parler de trauma ? La scarification ose une certaine condescendance avec le désir d’avorter la douleur pour expurger le dire de sa démoniaque exactitude de sa mise en abîme de la pornographie, comme d’une incarnation de l’imaginaire du trauma. Au départ, il y a une certaine intolérance au même, ce corps-cavité qui sourdement s’en remet à la dramatisation pour qu’un viol de la chair donne le la, épuisant ainsi les points de fuite, la perspective d’une chair incarnée, de la représentation qui n’est qu’une fausse invention, une fausse création, copie doublure du temps qui n’est pas prédictif ni vécu comme un réel. Un réel n’a de valeur qu’à être reconnu, puis « solennellement », il est dévié de sa tragédie d’existence. Sa reconnaissance, c’est le désir en train de se soustraire au récit en cours. Le récit est ce que la parole contractée soulève de questionnements et de mise en perspective par l’espace de ce qui se pense dans un temps résolu, c’est à dire un temps qui montre son récit, sa langue. Il pleut des pleurs sur l’auscultation du linge. Quel enterrement se produit, au plus près de la peinture indifférente. La peinture opère un va-et-vient sur cet objet de désaccord du cadavre. Si la peinture ensevelit la représentation et sa reproduction du monde, c’est par une pente, un esprit libre que cette liberté d’imprimer son nom, d’habiter ce qui s’éteint, se ferme, de peinture dans une « abstraction » (on en vient à nier ce voir cette vision d’un sens qui s’annule à se reproduire à l’infini), que se tisse une autre vue, un corps incarné, un linge, le drap du peint qui s’ouvre s’éveille à la trace sépulcrale, au linceul d’une résurrection du peint. Cet ouvert/fermé prennent en charge l’énergie, le tampon des coups, des coupes que Matisse a tenté de risquer dans ses papiers découpés, insistant sur la couleur comme paramétrage d’une bacchanale du plaisir que l’œil seul ne peut dévoiler. L’esprit libre est un esprit qui souffre, la liberté n’engage que celui qui l’habite.





Thierry Texedre, le 10 novembre 2024.



 Photos et peintures de

Gina Pane (1939-1990)

artiste plasticienne française

artiste performeuse

représentante de l’art corporel  










 


 

mardi 8 octobre 2024

Hypnose

 










Hypnose 

 

Sur l’histoire qui passe par le corps 

Il y va d’une entrave au récit qui court 

Sur le corps depuis le jeu de la parole 

Il y a comme une surdité à ouvrir le corps 

Pour écouter sa mise en abîme ses maux 

La douleur qui court partout dans la chair 

Pour sortir du corps par les trous la béance 

L'insolence du manque qui pousse la parole 

Qui la met en sourdine la mémoire des lieux 

De ces lieux interminables qui crient 

L'impossible espace de la raison  

La douleur espère ne pas trouver la parole 

L'ignoble parole qui tente une sortie  

Du réel instrumentalisé par la raison 

Faut-il que l’hypnose marque ce manque 

Le désir de savoir c’est ce manque vers lequel 

Tout être s’étire s’installe pour vivre  

Faire vivre la parole et pousser le drame 

De vivre vers la sortie d’attenter à la mort 

Par quel hasard jamais un coup du sort 

Au feu du temps masquera-t-il l’image 

Qu'un mal qu’un trauma tarauderait ce corps 

Celui circonscrit de la parole qui fuit le cri 

L'insulte de l’histoire celle du corps qui fuit 

Le mirage truculent du désir d’accoucher 

La parole quand un corps se plie s’emplit  

De ces certitudes qui obsèdent l’infini. 

 

 

 

 Thierry Texedre, le 26 septembre 2024. 




peinture "Hypnose/Hypnosis" (2021)

de Claude André Thibaud




La peinture ment






La peinture ment



La peinture ment

parce qu’elle n’a pas encore

reconnu ce qui est sienne

la parole

pour aller à la parole

la peinture doit passer par l’écriture

afin d’en extraire sa lisibilité réelle

le réel est cette sortie du sens

qui frôle l’acte même de vivre

l’acte de vie n’est pas encore

la conscience de vivre

mais une certaine dépendance

à ce qui ira dans la parole

comme tentative de trouver

le sens intentionnel

celui qui créera le temps

le temps de l’imaginaire

qui commence par la peur

la peur

voilà ce qui masque

la peinture pour l’illuminer

la peinture signe des sons

pour rendre compte de l’infini

qui torse la peur dans la parole

voilà que commence à peine

l’écriture à causer le cri

le cri

suppose le dessin du désir

le désir

est cette partie du corps

qui tend à faire taire la peur

par d’immanentes dérives

et de la voix et des membres

qui se dressent en guerre

la guerre

reste la seule infinité qui fuie

le réel pour en ouvrir un autre

c’est la mémoire qui commence

la mémoire

du genre humain

fondu dans l’immensité de l’œil

qui voit à peine ce qui se trame

l’œil

restreint de la capacité à voir

un sujet joué d’avance et troué

de toutes parts à cause de sa mort

la mort

c’est un commencement

celui qu’une peinture peut de penser

sa naissance à trop manquer la parole.




Thierry Texedre, le 10 octobre 2024.


Ignacio Pinazo Camarlench (1849-1916)

artiste peintre impressionniste Espagnol

né à Valence, mort à Godella, Espagne


peinture "Christ qui ment"


 




dimanche 22 septembre 2024

Le déchet comme veine d'une naissance

 

























 Le déchet comme veine d’une naissance


La naissance est une aisance, une introduction vers cette soustraction d’un monde qui est créé et qui se déplace d’une certaine addiction, d’une addition vers la neutralité, une répétition sans cesse qui fonde le déchet, l’amalgame jusqu’à sa dépense et son abandon comme résidu, mémoire, représentation du réel de la rétention.

Le corps respire, se contracte en flux sanguins en réaction contre ces déchets, ces temporalités d’une représentation intempestive, extrême, si l’œil n’en peut plus de cette altération, où plus aucun miroir n’a de prise sur lui, l’artiste ne peint déjà plus ces figures du commun, il peint une certaine immédiateté là où la couleur construit la « déformation » avant qu’on ne nomme ou qu’on lie ce qui sera l’objet d’une parole et d’un système clos. Liam Everett est ce peintre qui travaille avec le risque, l’insoumission à l’objet, l’irruption du sens dans la mise en lumière du déchet. Sur les toiles peintes l’artiste montre autre chose que ce qui s’invite à la parole. C’est le signe d’une présence, d’une mémoire qui frôle son réel, le corps s’en souvient. C’est le présent en action. La vitesse des couleurs qui se posent et s’intercalent, se soustraient et s’assemblent pour faire forme, voilà la grande construction qui commence devant nous, sans faire appel à une reconnaissance pourtant. Le déchet est roi dans notre monde et ici, c’est le peintre qui, conscient de la mise à mort du réel par l’homme, ira nous soumettre sa mise à mort sur la toile de cet homme en masse ; l’homme est le repli d’une peinture qui dit de l’abstraction qu’elle n’est pas cette reconnaissance d’un lieu atomisé du déchet. Le déchet persiste dans la matérialité de la peinture qui s’expose.

Liam Everett peint cette conversation avec le déchet et sa mise sous tension dans un flux incessant de déplacements monstrueux de la forme contre une couleur qui se débat au milieu de cette soustraction résiduelle.



Thierry Texedre, le 22 septembre 2024.


Liam Everett (1973-)

artiste peintre et sculpteur américain

né à Rochester, New York

vit et travaille dans le nord de la Californie, États-Unis













mardi 3 septembre 2024

L'ombre dévoilée

 


































L’ombre dévoilée   

 

Y a-t-il dans la peinture quelque extériorité, ce qui serait signifiant sans montrer jamais l’objet du désir ?   

C’est chez une artiste qui nous donne à voir une figuration clivée, et pourtant pleine d’un objet absent (l’objet caché, mais toujours là collé au corps) que s’ouvre le regard qui nous prévient de ce qui manque à la promesse sociale, d’un corps social qui se remémore la figuration parce que si ce corps social pense sa figure aujourd’hui, c’est parce qu’il oublie cette grammaire du corps, la chair qui l’indique pensant un lieu, celui d’une reconnaissance verbale.  C’est chez Maria Naidyolova que se traite l’immanente résurrection des corps. Les peintures sont montrées tel un soulèvement social en cours. De grands formats jonglent avec des représentations aux formes traitées comme des dessins en noir et blanc contrastant avec la grandeur surdimensionnée du trait. L’artiste nous donne à voir des ébats de nus souvent féminins ; ébats ou formes reflétant des actions de la vie quotidienne ? Rappels d’une peinture passée, celle de l’Histoire, celle de peintres majeurs. Et la couleur, elle passe par les méandres du noir pour se poser à certains emplacements stratégiques sur la toile. On découvre ces positions ces postures colorées de différentes façons selon le temps imparti à leur réalité, soit que la couleur est intégrée au corps en masse, soit qu’elle glisse sur la surface de la peinture en taches réparties ombrant la surface en tons fondus.  

Maria Naidyodova nous entraîne dans ses circonvolutions graphiques, ses incommensurables déclinaisons du genre humain montré à nu.  

 

 

Thierry Texedre, le 3 septembre 2024. 








dimanche 25 août 2024

Polème

 

















Polème



Sur quelle ostentation le corps se traîne se traite

s’exhale et se rend au risque d’attenter peut-être

d’attendre qu’une autre découpe du temps s’opère

se risque à résoudre l'attentat dont souffre la chair

d’une découpe il y va l’autre songe de l’insondable

radieux et introspectif un songe qui souffle l’irréel

celui d’une nuit de l’improbable tentative de vivre

avant de peser cette langue celle d’un cadre sorti

du ventre de l’esprit entrain de naître en mots liés

là est le nœud inventé pour ne pas subir le doute

ça va butiner sur la couleur improvisée en plaies

pour asséner en rimes l’ourlet de l’inviolable peau

quel paysage voit l’affabulation du temps surpris

quel poème ensorcèle de coucher la lettre en lutte

pour chanter jouer d’une rêverie légère et exaltée

l’ombre polémique s’invite en passage désordonné

puisant dans les veines sombres du bras désarticulé

poussant au grattage à la chute au coup à l’incertain

pour rogner perturber la douleur du doute consacré

l’anticiper juste l’instant d’apparaître comme l’irréel

celui des ailes du temps dévorant la chair polème

qui sidère sème la surimpression en pluie d’images. 


  

Thierry Texedre, le 28 août 2024.




Isabelle Floch (1960-)

artiste plasticienne et écrivaine française

vit et travaille à Paris











    









dimanche 18 août 2024

Les fauves

 







Les fauves


La plaie reste ouverte au risque 

d’une tentation osmose avec la 

chair et le verbe irréel d’un corps 

une unité du tremblement sort de

nulle part pour sourire à la bouche

ouverte tous contre ces chaudes 

lèvres asexuées de la couche

maltraitée du vice et versa saucé

à la trempe pour glisser une giclée

au firmament les bras bien en croix

dehors ça fuit dedans ça hurle fort

partouze de la chair avec le verbe

maudit monstrueux d’une ouverture

qui ne se referme jamais le sommeil

vertueux ne cesse de rêver d’en haut

tant que le bas de braise par la sauterie

vautrée n’atteint pas l’océan mortifère

blessé par les frasques incestueux 

d’un corps de mémoire qui entourloupe

l’encens céleste la prière ubuesque 

qui frappe mille fois à la porte du dieu

sonne la sereine couche décousue

sous les plis d’une toile à tendre

le peintre s’en souvient ça sent l’huile

fraîche ça va peindre en couches

jusqu’à sortir la couleur d’un jet d’encre 

la titiller caresser des yeux l’interdit

plus près les songes s’effacent en lit

la déformation réticulaire du verbe

extrait l’extraction c’est ça la peinture

ça marche tant que la musique vit

au plus près du souffle souffreteux

au rythme éthéré des sons entrelacés

un jour blanc au loin se mire dans le sable

en traces raturées par les dents serrées

animal de la sainte improvisation du vide

vois l’innommable gonflement des seins

au rouge matin qui nous enveloppe

dans un drap succulent un drap fauve.


Thierry Texedre, le 18 août 2024.



peinture Otto Muehl “Papyrus Porno”, 1984, huile sur toile, 140 x 160 cm