mercredi 10 juillet 2024

Et si la peinture en naissait

 






















Et si la peinture en naissait


La peinture est un glissement, une certaine légèreté qui s'insinue, amène aux retranchements d'une opalescence, d'un risque que le jazz redonne de ce désert moral, de sa mise en tension dans la musique, pour inonder la peinture de ces paysages odorants qui glissent dans nos êtres pour inaugurer la plage vitale, cette plage de l'être parlant en train de naître quand du rêve un réel tient le juste-milieu, celui, diurne de la peinture.

L'infini désir n'en finit pas de recommencer, livrant la peinture aux agrégats de la déviation, d'une unité qui se dissout à mesure que le temps représente ce qui le découpe, c'est-à-dire ce qui montre la couleur dans un espace redondant, un espace que l'esprit prend en chasse jusqu'à ce que le corps dissolve cette intrusion de l'infini en une oppression du visuel, une coupe dans la couleur comme lien avec ce corps d'un déplacement. Si le sexe pose les jalons de la jouissance pour introduire la douleur dans un champ qui est omniprésent à la surface, celui de la peau comme interlocuteur du désir de n'en plus parler de cette mise sous tension de la parole qui souffre de ne pas reconnaître la peinture, la peinture elle, se prend à hésiter sur l'interdit qui la soulève, celui du sexe qui navigue entre un passé ou la mémoire et un futur ou la jouissance.

L'important dans la peinture, c'est l'irruption, c'est quelque chose qui a lieu quand on navigue à l'aveugle, vers cette osmose irrationnelle du rêve et du réel. L'invention en peinture, c'est la « surdité » du rêve. Un corps peut soulever cette musique qui monte tout en repoussant une vision qui inaugure une face qui referme la proportion picturale d'une peinture montrant un réel celui d'un trauma.

Il y va de la peinture quand le regard distingue ce qui n'est plus du réel une opposition avec l'imaginaire. On entend ce qui se met en place comme d'une sortie du champs visuel à contrario de la mise en avant du champ photographique, de l'étendue de la zone de netteté qui figure sur une photo, un montage photographique. La peinture y naît s'il n'y a pas l'identique, le même. Une ressemblance n'a pas d'interaction avec le seuil d'apparition d'une chambre d'écho avec l'imagination et la mémoire d'un sujet neutre ; la peinture dialectise un sens en crise et ce qui débarrasse la photo de son retard. La photographie vole ce retard avec le réel, la peinture montre ce réel avant que de sa matérialité, il ne ressorte une figure, un retard. N'y va-t-il pas alors du mouvement, celui qui déplace, dérive, dans une impossible réalisation sinon celle d'une irrésolution du mouvement, le mouvement comme début et fin du paysage verbal.




Thierry Texedre, le 10 juillet 2024.


peinture de Irinka Talakhadze

née en Géorgie (2000-) vit et travaille à Tbilissi en Géorgie  







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