lundi 5 décembre 2016

Du dire et du front









Wassilly Kandinsky

« … Composition VI (1913), 195 x 300 cm. Après six mois d'étude et de préparation du tableau, Kandinsky voulu que son travail évoque une inondation, le baptêmez, la destruction et la renaissance en même temps. Gabriele Munter lui a dit qu'il était piégé par son intelligence, et qu'ainsi il ne pourrait pas atteindre le vrai sujet de l'image. Elle lui suggéra de répéter simplement le mot « uberflut » ( qui veut dire déluge ou inondation), et de se concentrer sur le son plutôt que sur son sens. En répétant ce mot comme un mantra, Kandinsky a retrouvé la voie, et a terminé le travail monumental en l'espace de trois jours... »






Mel Bochner - Langage 2014










Du dire et du front

Quelle effluve ascétique vient, alors me voici prostré au seuil de l'impossible résolution d'un récit, depuis lequel je dois pourtant m'affranchir, infinie indécence des sens, et m'extirper, pour chasser cette monstruosité, cette excroissance qui a lieu au milieu d'une mer sans marée, d'immondices, de fait, l'ordre pléthorique de toute représentation en musique ( parcours d'une découverte de la matière/chair que le temps pluriel occulte encore), surévaluation et encensement pour mieux être en accord avec l'immédiateté/l'instant qui peut le rêve : il y va déjà du chaos.

*

Coup pour rien
résurrection
mort
explosion
implosion
temps bitumineux
prose tentaculaire
animalité
risque de rejet
jet
pulsation
cœur
couture
convulsion
détention
électrocution
électron
matière
fin
de quelle excavation
de quel assaut
contusion
information
rétrécissement
origine
point
nœud
expansion
retournement
entrée
en sortie
croisement
de l'univers
qui fiche les sons
dans l'inconsciente
surdité de la poussière
des corps
exhumés du temps
de l'oubli

*

On traite ce renfoncement de la parole comme si cette parole était actée, mais faire de la parole un dire n'est pas encore la partie qui se joue du point de vue de l'animalité réelle.

*

Depuis cette sorte de front commun qui frotte et force le corps pour qu'il se délite dans la parole insatiable de l'exclusion de l'animalité/matière du corps, aucun régime fut-il autoritaire n'a eu de prise sur la surdité, l'absurdité de la parole, fut-elle celle plus proche liée par les signes aussi distinctes que ceux d'une écriture analytique et/ou impliquée.

*

Strates de la ligne
insoumise du front
qui s'offre au regard
désuet de la vue vide
contre cette sourde
expiation de l'avant
en sons dépliés
pour que l'être
s'exhibe délibérément
trop nu pour être
ce corps de l'entendement
ce sacré qui s'étend jusqu'aux
portes de l'enfer
enfournant ses miasmes
de membres arrachés au temps
le cloaque de l'enfermement
du fou fatidique
plonge dans l'agglomérat
des sons embaumés
jusqu'aux cimes
illettrées de l'autre rive
vite enivré le corps
éventré se soulève
encore dans la mémoire
des béatitudes
et des barbaries
jusqu'à la fin
depuis le début
en état de lévitation
à l'instant même
où s'effeuillent
les senteurs éparpillées
des fleurs dégoûtées

*



Thierry Texedre, le 5 décembre 2016.






Mel Bochner - Silence! 2011







Mel Bochner - Barbara Gallery Cracovie, 2014










Mel Bochner - Rien 2015








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