vendredi 26 juillet 2024

Avant que ça pense

 














Avant que ça pense


Sol qui trempe les plaies

ridicules du verre bu à l'aube

des sons écartelés sautent

en casse entre deux coups

la peau nébuleuse souffre

les plis du bas se soudent

à l'envers du coït grossi

si la queue ressort c'est que

quoi qu'on fasse l'envie luit

en grains corpusculaires

longtemps avant que ça pense

lanterne du corps encore fuyant

sa langue sa nature du vivant

pas celui de l'esprit en songes

ni celui du souffle divin

mais celui qui joue et jouit

un corps dessoude et dévisse

pour que ce qui le tient

comme finissant objectal

ça ne puisse enlever à sa chair

l'horrible pénétration de l’œil

un être est né de cette mort

par l’œil émasculé du temps

le voilà ce temps droit dansant

sans aucun remord ni plaie

pourvu qu'on se souvienne

c'est l'important de l'infortune

c'est ce qui reste quand vit

la musique qui nous plie

jusqu'à la douleur du vice

musique qui frappe l'os

de l'oreille interdite

de l'oreille tintinnabulante

de l'oreille qui démantèle

ce qui commence à créer

à consumer les sens foutus

en l'air et ça respire enfin

le bon air de la musique

qui n'en finit pas de revenir

aux oreilles folle fuite

en transe trauma coupe

du cuir en creux pour y voir

dedans ça sonne cent fois

le sang frais qui couvre

un corps dénudé à cause

de sa langue qui perdure

au fond de l'horizon fatal

du peint toujours détourné

c'est le risque d'une nature

croisée au paysage intérieur.


Thierry Texedre, le 26 juillet 2024.



Vivian Suter (1949-)

artiste peintre Suisse

née en Argentine, vit et travaille au Guatemala depuis 1982.









mercredi 10 juillet 2024

Et si la peinture en naissait

 






















Et si la peinture en naissait


La peinture est un glissement, une certaine légèreté qui s'insinue, amène aux retranchements d'une opalescence, d'un risque que le jazz redonne de ce désert moral, de sa mise en tension dans la musique, pour inonder la peinture de ces paysages odorants qui glissent dans nos êtres pour inaugurer la plage vitale, cette plage de l'être parlant en train de naître quand du rêve un réel tient le juste-milieu, celui, diurne de la peinture.

L'infini désir n'en finit pas de recommencer, livrant la peinture aux agrégats de la déviation, d'une unité qui se dissout à mesure que le temps représente ce qui le découpe, c'est-à-dire ce qui montre la couleur dans un espace redondant, un espace que l'esprit prend en chasse jusqu'à ce que le corps dissolve cette intrusion de l'infini en une oppression du visuel, une coupe dans la couleur comme lien avec ce corps d'un déplacement. Si le sexe pose les jalons de la jouissance pour introduire la douleur dans un champ qui est omniprésent à la surface, celui de la peau comme interlocuteur du désir de n'en plus parler de cette mise sous tension de la parole qui souffre de ne pas reconnaître la peinture, la peinture elle, se prend à hésiter sur l'interdit qui la soulève, celui du sexe qui navigue entre un passé ou la mémoire et un futur ou la jouissance.

L'important dans la peinture, c'est l'irruption, c'est quelque chose qui a lieu quand on navigue à l'aveugle, vers cette osmose irrationnelle du rêve et du réel. L'invention en peinture, c'est la « surdité » du rêve. Un corps peut soulever cette musique qui monte tout en repoussant une vision qui inaugure une face qui referme la proportion picturale d'une peinture montrant un réel celui d'un trauma.

Il y va de la peinture quand le regard distingue ce qui n'est plus du réel une opposition avec l'imaginaire. On entend ce qui se met en place comme d'une sortie du champs visuel à contrario de la mise en avant du champ photographique, de l'étendue de la zone de netteté qui figure sur une photo, un montage photographique. La peinture y naît s'il n'y a pas l'identique, le même. Une ressemblance n'a pas d'interaction avec le seuil d'apparition d'une chambre d'écho avec l'imagination et la mémoire d'un sujet neutre ; la peinture dialectise un sens en crise et ce qui débarrasse la photo de son retard. La photographie vole ce retard avec le réel, la peinture montre ce réel avant que de sa matérialité, il ne ressorte une figure, un retard. N'y va-t-il pas alors du mouvement, celui qui déplace, dérive, dans une impossible réalisation sinon celle d'une irrésolution du mouvement, le mouvement comme début et fin du paysage verbal.




Thierry Texedre, le 10 juillet 2024.


peinture de Irinka Talakhadze

née en Géorgie (2000-) vit et travaille à Tbilissi en Géorgie  







mardi 2 juillet 2024

Lit
















 Lit


Coupé du monde ulcération

pointe sein nu nourri

du rire rassasié

le temps échafaudé sueur

sourde devant la comédie

fracassée par le ventre

on traîne la folie

jusqu'à la gorge qui dégorge

les reliques du passé

jusqu'où le massacre aura lieu

un drame malmené

sombre dans les déplaisir

les dépassements du vol

viré de bord

on traite de la misère

un peu trop si la plaie

vient fracasser la peau

au milieu de la poésie

qui troue l'interdit

monstre inopiné qui fuit

un dieu chante encore

poussé par des paroles

sordides sourdement

le vent part pour un siècle

le ventre croit souffrir

de ses entrées et sorties

lueurs aseptisées

de la divagation en course

ça va jouer à jouir

comme si le désir poussait

à feindre de drogue

germinale à l’œil

vite ici ça cuit les pneus

ça roussit les poils

du clitos claqué

les pubis arrachés au pieu

d'un circuit électrique

le paradis blanc

danse à cause du coup

de la bouche ouverte

voix fulminante de la scène

apoplectique du râle

qui avale son jus consenti

sa disgrâce voilà l'étreinte

en chants dissous

dans la fête aux infinies

conspirations du train

train trempé du lit froissé.


Thierry Texedre, le 2 juillet 2024.

Robert Rauschenberg "Bed" (1955)