lundi 20 mai 2024

La peinture est la même toujours

 






 

La peinture est la même toujours

Isomorphie non contiguë


Suintement voilà l’affaire qui montre qu’une peinture meurt avant de reconnaître que le peintre souffre d’essayer et d’effacer recommencer effacer encore laisser peut-être quelque chose qui fasse corps de son corps peut-être ou du moins celui qui essaye de faire que naisse un sens une altérité susceptible de contredire l’image qui précède dans l’incidence d’une autre errance. Ici le temps passe pas cette absence de ponctuation dans l’entre-deux points d’une phrase anecdotique puisque deux points et points se congratulent dans leur introduction. Le peintre pointe le bout de son instrument à plonger dans la ligne la forme la couleur sans jamais démontrer que ces actions traversent le présent pour montrer qu’entre deux points ça s’essouffle à arrêter le geste. C’est une infinité de retours sur l’irruption de quelque chose qui rythme le corps de peinture vers sa fin c’est-à-dire vers sa résistance au présent. Cette immanence de peinture se distingue en outre de sa sœur la musique mais elle puise dans le même espace sa réverbération sa musicalité son indéfectible positionnement entrant et sortant de la figure peinte au même titre que la musique se montre sous cette forme de vacuité caressant les risques à entendre ce que la peinture voit sans jamais se poser sur ce qui pense un tel écart. Pourquoi la peinture danse cet écart si on la laisse montrer quelque chose même d’informel ou supposé plein d’interrogation en réaction à l’espace qui impressionne tout regard tout corps déplacé. Un corps est déplacé parce qu’il est soumis à un regard déviant l’ illusion devant une peinture qui fait déjà volume dans l’esprit de la circulation d’un public. L’esprit de contiguïté force à retirer du peint toute expectative musicale jusqu’à en laisser sa trace laisser ce qui ressemble au rythme/couleur ce quelque chose d’insatisfaisant ou qui ne peut pas être apposé. Le peint cherche alors avec quelle matière cette musique va coller au risque du vrai laissant le vraisemblable de la musique s’y montrer comme ressort de la matière peinte collant au sujet qui l’extrait qui ne l’illumine pas encore par le verbal. On ne regarde plus pour aimer ce qui est peint on aime parce que le verbal n’a pas encore dit son dernier mot. C’est là qu’on commence à chercher l’émotion qui monte d’une peinture qui résiste au verbe et qui donne des coups au corps comme un corps à corps avec le peintre par son absence/présence depuis la peinture qui nous voit qui nous percute.




Thierry Texedre, le 19 mai 2024.



Sergio Padovani « Les Dieux dévorent » 2024

peinture huile, bitume et résine sur toile, 60 x 50 cm







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