Sur cet affleurement du temps
Point de la lecture qui frôle l'aphasie, l'âme en ressortirait commotionnée, l'esprit retors se montre hostile à l'empressement, au risque de ne plus avoir à penser. Le temps se presse comme pour s'emmêler, se déliter, au fur et à mesure l'esprit sombre dans une représentation. Y a-t-il quelque chose qui danse dans un corps qui transparaît à une vélocité, à l'esprit ; entièreté d'une implication de ce qui pense dans sa mise en tension, sa liturgie, son non-sens à penser parce qu'un corps ne pense qu'à violer sa matière, la chaire. Sur un point nodale, une nomination, une reproductibilité de l'esprit en matière pensante, un corps commence son délitement ; passage vers une parole, un acte sémantique qui se divise, se distingue, s'amenuise à mesure que le sens prend l'espace comme l'irruption d'un corps absent. Que reste-t-il à ce corps pour devenir un sujet divisé, un sujet de la parole ? Autrement dit la chose qui la sorte de sa finitude à penser par la parole, par un acte délibéré de montrer ce qu'un sens a à être véridique pour la pensée ? Il parle pour espacer la fin, la mort, la finitude et sa reconnaissance infinie dans le présent, mémoire qui pose une réelle opposition avec la vie dans une temporalité générale de tout corps. Il parle et offre au monde quelques sorties de cette mise à mort d'un jeu entre mémoire et manque. Il y a une sortie dans un affleurement, une caresse contre le temps, une dépense contre cet acquis, ce sas mnésique, le chantage d'une mémoire à rebours, le risque d'oublier à trop retenir un cours (souffle court) la ligne brisée d'une mémoire sans fond. Cet affleurement est lié au temps, puisqu'il parle au temps, à ce qui vit, à ce corps qui caresse le temps dans une réversibilité de l'acte de penser, la chair luit de cette apparition, elle érotise pour la première fois, elle exerce un pouvoir de dépression, décharge organique qui rivalise avec la pensée qui parle ; le corps pose les fondements d'une dualité et osmose dans la contradiction même qui fait danser ce corps viral, un corps possédé.
Thierry Texedre, le 9 juin 2021.
peintures de Noura Djuric
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