dimanche 22 septembre 2024

Le déchet comme veine d'une naissance

 

























 Le déchet comme veine d’une naissance


La naissance est une aisance, une introduction vers cette soustraction d’un monde qui est créé et qui se déplace d’une certaine addiction, d’une addition vers la neutralité, une répétition sans cesse qui fonde le déchet, l’amalgame jusqu’à sa dépense et son abandon comme résidu, mémoire, représentation du réel de la rétention.

Le corps respire, se contracte en flux sanguins en réaction contre ces déchets, ces temporalités d’une représentation intempestive, extrême, si l’œil n’en peut plus de cette altération, où plus aucun miroir n’a de prise sur lui, l’artiste ne peint déjà plus ces figures du commun, il peint une certaine immédiateté là où la couleur construit la « déformation » avant qu’on ne nomme ou qu’on lie ce qui sera l’objet d’une parole et d’un système clos. Liam Everett est ce peintre qui travaille avec le risque, l’insoumission à l’objet, l’irruption du sens dans la mise en lumière du déchet. Sur les toiles peintes l’artiste montre autre chose que ce qui s’invite à la parole. C’est le signe d’une présence, d’une mémoire qui frôle son réel, le corps s’en souvient. C’est le présent en action. La vitesse des couleurs qui se posent et s’intercalent, se soustraient et s’assemblent pour faire forme, voilà la grande construction qui commence devant nous, sans faire appel à une reconnaissance pourtant. Le déchet est roi dans notre monde et ici, c’est le peintre qui, conscient de la mise à mort du réel par l’homme, ira nous soumettre sa mise à mort sur la toile de cet homme en masse ; l’homme est le repli d’une peinture qui dit de l’abstraction qu’elle n’est pas cette reconnaissance d’un lieu atomisé du déchet. Le déchet persiste dans la matérialité de la peinture qui s’expose.

Liam Everett peint cette conversation avec le déchet et sa mise sous tension dans un flux incessant de déplacements monstrueux de la forme contre une couleur qui se débat au milieu de cette soustraction résiduelle.



Thierry Texedre, le 22 septembre 2024.


Liam Everett (1973-)

artiste peintre et sculpteur américain

né à Rochester, New York

vit et travaille dans le nord de la Californie, États-Unis













mardi 3 septembre 2024

L'ombre dévoilée

 


































L’ombre dévoilée   

 

Y a-t-il dans la peinture quelque extériorité, ce qui serait signifiant sans montrer jamais l’objet du désir ?   

C’est chez une artiste qui nous donne à voir une figuration clivée, et pourtant pleine d’un objet absent (l’objet caché, mais toujours là collé au corps) que s’ouvre le regard qui nous prévient de ce qui manque à la promesse sociale, d’un corps social qui se remémore la figuration parce que si ce corps social pense sa figure aujourd’hui, c’est parce qu’il oublie cette grammaire du corps, la chair qui l’indique pensant un lieu, celui d’une reconnaissance verbale.  C’est chez Maria Naidyolova que se traite l’immanente résurrection des corps. Les peintures sont montrées tel un soulèvement social en cours. De grands formats jonglent avec des représentations aux formes traitées comme des dessins en noir et blanc contrastant avec la grandeur surdimensionnée du trait. L’artiste nous donne à voir des ébats de nus souvent féminins ; ébats ou formes reflétant des actions de la vie quotidienne ? Rappels d’une peinture passée, celle de l’Histoire, celle de peintres majeurs. Et la couleur, elle passe par les méandres du noir pour se poser à certains emplacements stratégiques sur la toile. On découvre ces positions ces postures colorées de différentes façons selon le temps imparti à leur réalité, soit que la couleur est intégrée au corps en masse, soit qu’elle glisse sur la surface de la peinture en taches réparties ombrant la surface en tons fondus.  

Maria Naidyodova nous entraîne dans ses circonvolutions graphiques, ses incommensurables déclinaisons du genre humain montré à nu.  

 

 

Thierry Texedre, le 3 septembre 2024.