mardi 3 septembre 2024

L'ombre dévoilée

 


































L’ombre dévoilée   

 

Y a-t-il dans la peinture quelque extériorité, ce qui serait signifiant sans montrer jamais l’objet du désir ?   

C’est chez une artiste qui nous donne à voir une figuration clivée, et pourtant pleine d’un objet absent (l’objet caché, mais toujours là collé au corps) que s’ouvre le regard qui nous prévient de ce qui manque à la promesse sociale, d’un corps social qui se remémore la figuration parce que si ce corps social pense sa figure aujourd’hui, c’est parce qu’il oublie cette grammaire du corps, la chair qui l’indique pensant un lieu, celui d’une reconnaissance verbale.  C’est chez Maria Naidyolova que se traite l’immanente résurrection des corps. Les peintures sont montrées tel un soulèvement social en cours. De grands formats jonglent avec des représentations aux formes traitées comme des dessins en noir et blanc contrastant avec la grandeur surdimensionnée du trait. L’artiste nous donne à voir des ébats de nus souvent féminins ; ébats ou formes reflétant des actions de la vie quotidienne ? Rappels d’une peinture passée, celle de l’Histoire, celle de peintres majeurs. Et la couleur, elle passe par les méandres du noir pour se poser à certains emplacements stratégiques sur la toile. On découvre ces positions ces postures colorées de différentes façons selon le temps imparti à leur réalité, soit que la couleur est intégrée au corps en masse, soit qu’elle glisse sur la surface de la peinture en taches réparties ombrant la surface en tons fondus.  

Maria Naidyodova nous entraîne dans ses circonvolutions graphiques, ses incommensurables déclinaisons du genre humain montré à nu.  

 

 

Thierry Texedre, le 3 septembre 2024.