Prête-moi
cette irremplaçable vélocité du cœur! Couché sur les hiatus d'un
lit de fleurs, enfonçant de mes fesses encore rondes la légèreté
de l'herbe mouillée. Frôlant les ans passés je respire encore
cette sacrée pulsion puisant dans des souvenirs indiscrets! Rôdant
dans d'impossibles aspérités du corps encore jeune, frêle et
longiligne, pour y découvrir l'exultante envie de découvrir les
plus petites parties soumises de ce corps à découvert, nu et
imberbe en ces temps lointains. J'aspire aujourd'hui à plus
d'envolée lyrique quant aux glissements de mes mains sur l'étendue
ridée de cet opuscule vieillissant. Chié de sa mère insoumise, ce
petit corps chétif ira bon train, la voix illuminée dans ce regard
encore rosi par l’allaitement. Trop éloigné encore! Je rencontre
pourtant ce redressement du bas, de l'entre-jambe, masqué par une
pilosité abondante, un sexe en érection (un filet blanc semble sorti de ce jouet avant de le laisser pisser chaudement sur les mains), voilà bien là
l'étreinte, ou la mortification; et par quelle occasion, d'avoir à
cacher un acte insupportable, mais qui innervera ce gland pour le
gonfler jusqu'à la limite du jeu. Bien tempéré, cet enfant
désirant passer à l'acte, quelques années après, violé (envolé
plutôt) par quelle beauté! Femme usurpatrice, aux formes exquises,
les seins gonflés, avec au centre ces deux tétons rouges, et
pointés vers moi!J'accuse ce tremblement de l'infant insoumis,
divinement éjaculateur, Dieu que la vie est belle quand d'une
rencontre jaillissent l’apothéose et la grandeur, pleine de cette
illusion virginale du temps de l'infini, sans début ni fin.
Installant un regard détourné vers un pauvre passé (à rebours le
corps ne se souvient que des exercices sans intérêt), introduisant
dans cette mémoire le songe diurne et crépusculaire pour tenter de
résoudre - avant que l'action ne s'en saisisse – ce qu'une mort à
venir aura de réalité pour mon corps respiré. Adieu foutre et
caresses sur ce cadavre expiatoire des malfaisantes jouissances, à
moins que d'un mal sorti, viennent se mêler douceur et maltraitance,
en jeu mêlé du plaisir sadique et masochiste.
Thierry
Texedre, le 11 avril 2014.