Les
derniers soubresauts de la terreur du dire qui confère au
temps sa densité, illumination de cette oreille basse,
bassesse de l'audition devant l'immensité de ces mots
aléatoires. Tiraillement dans l'apothéose mortifère
de la petite musique endiablée, donnant accès au corps
comprimé. Ce risque de sauter sur les mots atomisés,
rend la parole intraduisible, puisque avalée par une écoute
déflorée, déchirure de cette entrée
sombre, vent qui ondoie, outrageusement dans l'espace du corps
illimité de la vue béate. Touchant au risque vertueux
d'aller vers cet empressement de l'exhortation de la chair, le corps
déchiré par une chair crépusculaire, voit la
peau sur l'os. Chair absoute, absente, arabesque virevoltant quand la
peur du manque de chair se fait sentir, dans les battements du coeur,
musique de ces coups qui font respirer, restituer la respiration.
Dominé par ce corps irisé de quelque écorché,
peau qui siffle à la vue du corps privé de sa chair,
l'éclat de la parole souffre, soumis au retournement incisif
de la peur d'entrer dans l'épaisseur de ces pleurs, chair
introspection, chair tendue vers ces odeurs exécrables, la
mort entre par-dessus les têtes. Décollation. Têtes
sur le sol, sang laissé là, comme un éclaté,
une fracture de ces os si offusqués par le tremblement
irraisonné de la voix exsangue de toute vie frontale. La vue
de biais, elle, se tait. La vue de face, rend l'âme, pour vous
emporter dans les ténébreuses voies gangrenées
par l'esprit malin. Voix dirigée vers quelle opulente
stratégie de l'existence, pour s'évanouir, s'évader,
se retirer, s'emporter, s'arque bouter pour se redresser et fuir. De
ces voix qui viennent de partout, en sons pleins de sens,
outrageusement pour rendre sourd le corps de l'élocution.
Extase du corps sourd, drame du corps désabusé qui est
parti de ces sons-sens à l'intérieur du corps de cette
autre vie, infâme, c'est l'infini qui n'a pas fini de mettre le
questionnement tortueux attaché aux rivets de la croix
moribonde de la mise à mort de la chair, parole-jouissance de
la chair torturée. On casse les rouages de la parole pour en
faire une gangrène, coupure à vif prête à
jouer avec les os séparés, déjà là avant la
grande démonstration de la terreur-massacre, trou dans
l'amour, trouée dans ce ciel devenu jets incessants de cette
reproduction du temps perdu. Partout les sons s'épanchent pour
sortir leurs cris stridents, copulation de ces corps descendant de
partout, passant au présent dans un gonflement des lèvres
qui vibrent, joues grossies jusqu'à l'apoplexie, la voix
semble enfin en finir avec le sens alterné de sa dépression
et de sa jouissance, elle jette dans un émoi extrême ce
qui ressemble à l'âme empêtrée dans ses
abattis.
Thierry
Texedre, le 22 novembre 2012.