dimanche 3 juin 2012

Mouvements rétrogrades













Arrière-cour du temps saccadé, le temps est le vice-caché de la mort. La mémoire diffuse se rétracte dans une ombre brumeuse, c'est le début de cette éclosion d'une trace mnésiques. Là où se densifient les actes manqués, la mémoire souffre, la mémoire tempère, la mémoire va plus vite que sa reconnaissance en mots. La mort est la grande absente du grand chambardement qui régit la mémoire. On traite le fou, mais savez-vous ce qu'un fou peut faire quand la création s'en mêle? Mémoire en parasitage du verbe, comme fin du verbe comme commencement, début de tout. Traversez la fin des temps, et votre mémoire se liquéfie, pour renaître autrement, dans une matière, celle de la tempête des corps célestes. L'univers est ce calcul de l'infini qui se soutient d'une mémoire à court terme, mémoire temporale. Le vide est la partie de l'univers qui résout momentanément la vérité de ces corps célestes. L'atomisation de l'univers est le résultat de la mémoire qui remonte le temps, à trop se donner en spectacle. Trop plein, débordement, rétroaction, effet de retour sur l'image ainsi créée, pour entériner la mémoire en songes infinis sur l'espace insignifiant du temps. Tenter de résoudre ce qui de l'univers ou du temps est à l'origine de la vraisemblable vérité, tient du miracle. Croire n'est que ce milieu impétueux d'un corps pensant, là où l'être est forclos, coupé du moment irréversible du temps passé. L'extermination, la poussée vers l'apothéose de la dévoration des corps, semble avoir un lien plus important avec la mémoire que ses mots eux-mêmes pour l'intelligibilité et le sens de la parole, de la mise en volume du dire dans l'art de peindre, de représenter, de donner à voir, dans cette mise à plat du format peint. Le ralentissement et l’anéantissement de tout corps, donne à voir ce qui le dessine, coupes et découpes dans une trans-réalité, transformation de l'avant vers une résolution de ce corps possédé par la mémoire, dépossédé de son image, pour en finir avec le temps. On pense parce que le temps est notre déposition, souffrance de la chair, pour faire remonter ce que croire a de tiraillement dans l'amour pour l'un. J'aime ce seul et unique être qui n'est ni moi ni l'autre, mais ce détachement, l'unique émoi, par dessus tout, de l'indivisible étant du corps jouissant. Corps utérin?

 

Thierry Texedre, le 3 juin 2012.