vendredi 24 juillet 2009

L'éden

L'éden, ce spectre dépecé, désemparé, rétréci pour avoir été à l'aune du temps. Touché par la grâce, cet espace illumine encore l'espace contemporain. Le rend soutenable. Parcours de l'abjection du siècle présent, par sa soutenance sociale résolument consommatrice de sens. Entrée dans une danse où les corps sont à leur extrême tension. Tempête qui cause l'effacement progressif de l'identité subjective. Identité qui souffre en retrait, dans un traitement compulsif de la langue. Jouissance d'une langue fermée, finie. L'inconscient en est l'extrême rouage, roue qui passe par sa consumation, carré d'une circonférence qui bute sur ce corps invalide. Hors du mouvement qui lui est une transgression de ce lien social érudit. Le corps n'est pas dans l'érudition mais dans une dévêture; pôle de la dislocation, de l'émiettement du corps en chair. Chair qui est le point de départ de ce paradis. S'agit-il bien d'un paradis? Ou d'une humeur? Ou de la découverte de la chair, parce qu'il y a eu pensée à un moment précis de l'extraordinaire fonction de la chair à transformer tout corps en son contraire: la chose. Passant par un objet désiré par la mise en sens, mouvement, temps présent, signe que la répétition passe par l'impossible atteinte de cette chose. Paradis parce qu'il y a transfiguration, à cause de l'incessante oscillation entre ce corps pris dans la mesure du temps, et la recherche du temps perdu. Perte du corps, obsession linguale qui vire à l'image, à l'éden. La dispersion du corps en fragments va lui permettre de penser l'impensable: la résolution de sa fin, une petite mort à côté de ce paradis déplacé, en amont de la vie, l'éden en ressort imaginé, pour penser, position du franchissement de ce lien social forclos, en corps vierge, et perdre tout pouvoir du corps sur la vie.